• Bulle de rêve

    Tiens. Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas parlé du travail des autres sur ce blog.

    Il est vrai que sous l'impulsion conjuguée de notre profil Facebook (où on se contente de poster désormais les nouvelles bouleversantes du style : "t'as vu  copain le nouveau jeu que j'ai acheté ?"), des pages de Di6dent et celles du défunt Fix (mais n'est pas mort celui qui...), on a perdu l'habitude de rendre compte de nos modestes coups de cœur, coups de gueule ou simples compte-rendus de lecture sur ce blog. Ce dernier se limite ainsi depuis quelques temps déjà à rendre compte de nos propres activités rôlistiques (sorties, contributions, conventions, etc.).

    Mais là, ce n'est pas pareil. Rêve de Dragon, bordel ! On touche au sensible. RDD a en effet été un de mes deux ou trois jeux "qui changent tout", ceux qui vous font percevoir différemment les possibilités du jeu de rôle ou tout simplement qui marquent d'une pierre blanche votre propre parcours rôlistique.

    Alors, vous pensez ! Une souscription pour relancer la machine à rêves, je ne pouvais pas passer à côté. C'est souscrit, reçu, lu, pas joué et je ne vais même pas vous épargner mon compte-rendu ;-)

    Pour éviter le pavé et tenter de coller à une forme plus web de CR de lecture, je vais me borner à donner mon point de vue à quelques questions qui, d'une part, s'avèrent très légitimes et, d'autre part, sont soulevées de droite et de gauche sur le web.

    1. A la Clairefontaine, c'est beau ?

    A ton avis ?

    Bulle de rêve

    Le travail du Scriptarium est en effet de toute beauté. Le livret est solide et élégant. L'auteur, Jidus, est aussi un illustrateur de talent. Enfin, les Grands Anciens, Florence Magnin (couv') et Rolland Barthélémy (intérieur) sont au rendez-vous et n'ont rien perdu de leur RDD's touch.

    On ergote pas mal de ci de là sur la colorisation des illus de Rolland Barthélémy. Alors, certes, on est habitué depuis Casus Belli et l'incarnation précédente de RDD de voir les crayonnés minutieux de Rolland en noir et blanc. Mais, honnêtement, est-ce moins beau en couleurs ? Non. C'est juste différemment. Et de toute façon, comment proposer une mise en page en couleurs sur papier glacé avec des illus noir et blanc ? Bref, c'est très bien comme ça : ça change.

    2. A la Clairefontaine, c'est inspiré ?

    Très. Et dans les deux sens du terme. Des fois, on croirait que Jidus est le fils de Denis Gerfaud. Ou, au moins, qu'il lui a emprunté son slip et ses chaussettes. Le début, notamment, avec la découverte de la cité du Second Age qui va bien, est de la meilleure veine gerfaldienne avec la poésie, les jeux de mot à bonne dose, les détails qui donnent envie d'y être, etc.

    Un grand plaisir de lecture.

    3. A la Clairefontaine, c'est canonique ?

    C'est ce qu'on lit un peu partout et que l'auteur lui-même concède aisément. Personnellement, je nuancerais un peu. J'ai trouvé que le scénario, tout en respectant, c'est entendu, la plupart des codes de RDD (comment pourrait-il en être différemment pour un tel retour ?) en livre une interprétation qui est propre à Jidus.

    On peut notamment relever deux points qui m'ont marqué à la lecture :

    - ça tatanne sévère ; bien sûr, Denis avait déjà commis des scénarios orientés baston comme L'oeuf de Psiluma mais là, c'est très marqué. Il y a un petit côté donj' même. Pour moi, cela n'a rien de péjoratif. L'outil Rêve de Dragon se prête bien à ça aussi alors pourquoi s'en priver ?

    - pour Jidus, le voyage d'un rêve à l'autre est très différent de chez le maître ; dans A la Clairefontaine, le voyage d'un rêve à l'autre est souvent réversible et peut se programmer presque aussi aisément qu'un saut hyperluminique dans un space op' (attention, sur ce point, à l'abus des brolutes rieuses qui devraient, à mon goût, rester anecdotiques... comme les tortemoques, quoi). Cela rappelle ce que Gerfaud avait esquissé dans une trop vite expédiée extension de commande sur le 4ème Age, L'Unirêve. C'est, à mon avis, très intéressant, très riche de potentiel. Mais pas du tout canonique.

    4. A la Clairefontaine, c'est jouable ?

    Bon, le fait que je ne l'ai pas fait jouer avant de poster cette chronique donne une idée de la réponse.

    D'abord, il y a ce qu'on lit un peu partout : il y a des passages plutôt tirés par les cheveux. Et c'est... vrai ! Franchement, plus d'une fois, je suis revenu en arrière pour me demander quel était le rapport entre ce que j'étais en train de lire et ce qui précédait. Alors, penser à l'effet que ça peut avoir sur un groupe à l'esprit embrumé par des volutes de mauvais café sur le coup de deux ou trois heures du mat', ça m'a un peu effrayé...

    De toute façon, pour avoir déjà essayé, je confirme : je ne peux plus jouer ou faire jouer avec les règles de RDD 2ème édition : trop lourd, trop daté, trop... euh... trop, quoi. On en revient à un truc bizarre : le Scriptarium vient quand même de sortir sans prévenir un scénario pour un jeu dont le précédent supplément datait de... 2001. Waow.

    5. A la Clairefontaine, c'est bien au final ou pas ?

    Si tu es un ancien de RDD et que tu ne l'as pas encore, tu devrais juste déjà être maudit sur plusieurs générations. C'est beau, c'est très bien écrit, c'est très minutieux (tous les plans, toutes les stats nécessaires y sont et tout), ce n'est pas cher... bref, il faut foncer. Au pire, tu auras de quoi t'offrir une lecture agréable et un brin nostalgique.

    Si, par contre, tu attendais l'occasion de découvrir le jeu ou de t'y mettre pour de bon, je ne sais pas si je peux conseiller le scénario. C'est au final très old school. Et tellement typé RDD que je en sais pas si on peut espérer entrer dans cet univers par cette porte.

    A titre personnel, je ne regrette donc pas du tout mon achat (qui plus est après un crowdfunding dans les règles - c'est suffisamment rare pour être souligné) car je pointe largement dans la première catégorie. J’ajouterais que, d'un point de vue éditorial, je ne vois pas trop comment le Scriptarium aurait pu ouvrir son entreprise de relance du jeu par autre chose qu'un scénario "hommage".

    Par contre, maintenant que c'est fait, j'espère que les gars vont ouvrir grand les portes et les fenêtres pour proposer autre chose. Hélas, la perspective de la réédition à l'identique des règles de la 2ème édition me laisse sur ce point assez sceptique.

    Et vous, vous en avez pensé quoi ?

     

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