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Futur antérieur aux Utopiales de Nantes
Par
Narbeuh dans
Archives MeC le
11 Février 2009 à 16:02
« Quelqu’un m’a dit que le cyberespace est en train d’éclore. C’est le terme qu’elle a utilisé.
Bien sûr. Le grand retour de l’œuf et de la poule. Une fois qu’on aura fini de le faire éclore, il n’y aura plus de
cyberespace, hein ? Il n’y en a jamais eu, en fait. C’était une perspective, une façon de visualiser notre destination. Et avec la grille, on y est. On est passé de l’autre côté de l’écran. Ici
même. »
S'il est exact que la SF est « une littérature des « étages inférieurs » », selon la définition de Valerio Evangelisti*, alors William Gibson est en train de remonter du sous-sol, et pendant que
vous prenez l'escalier il est dans l'ascenseur.
Métacité à craquer
Le thème des Utopiales de décembre dernier était « Les nouveaux réseaux
». Je crois que ce thème fait bien le lien entre notre monde moderne qui est un monde de réseaux (le réseau des autoroutes, des routes et des rues est perceptible, délimité et souvent confondu
avec d’autres réseaux situés au-dessus ou au-dessous des rues : lignes électriques, réseaux d’eau ou d’égouts) et celui du Cyberpunk, en tout cas celui d’avant le Data Crash. Mais comme les
années passent et que le DC est fixé, l’espérance de vie du genre se réduit à vue d’œil.
Alors il se ressource et se développe en quelque sorte... à rebours ! Il faut dire que la réalité rattrappe la fiction ; depuis quelques décennies, avec l’avènement de l’informatique et de la
télématique, une nouvelle dimension est venue se greffer à la dimension analogique du monde : la dimension numérique. D’abord balbutiant, ce néomonde est devenu un cybermonde, parfaitement en
phase et en synergie avec le géomonde, le monde réel. Aujourd'hui, les dimensions analogiques et numériques sont devenues quasiment indissociables les unes des autres en milieu urbain, dessinant
ainsi les contours de métacités qui n'ont plus rien d'utopiques. On peut même affirmer qu'avec le développement de ce que Gibson appelle la “Grille”, quelque chose comme un réseau GPS, la relève
de la Matrice est assurée les dimensions numériques sont en pleine croissance, sans remettre en cause les dimensions analogiques. On assiste donc à une croissance urbaine, non pas en surface,
mais en contenu, avec l’ajout de nouvelles dimensions comme autant de réalités ajoutées en Lumière virtuelle, et leurs corollaires de fonctions, souvent redondantes avec celles des dimensions
analogiques mais bien présentes et complémentaires.
Le futur ne date pas d'hier
Eh oui, voilà que le Cyberpunk a déjà 25 ans et vous n'avez rien vu venir.
C'est d'ailleurs sur cet étonnant futur qui a déjà de l'âge que se sont penché, pour voir s'il bougeait encore, quelques uns de ses créateurs (W. Gibson, N. Spinrad, G. Bear, R. Morgan, J-M.
Ligny) lors de la table ronde « Le cyberpunk, 25 ans après » dans le cadre de ces fameuses Utopiales dont je parlais en début d'article. Dans le même ordre d'idée, et puisque le pape du
Cyberpunk, William Gibson himself en revient à un univers certes technologique mais pas futuriste, on pouvait aussi se poser la question : est-ce un constat d'échec ? C'est ce que n'ont pas
manqué de faire les participants à une autre table ronde « La SF a-t-elle échoué ? », P. J. Gyger, P. Bordage, A. Reynolds, et C. Dufour. Mais pour autant on ne perdait pas l'avenir de vue dans
la capitale bretonne avec la table ronde « Quel avenir pour les nouvelles de SF au 21ème siècle ? » avec : J-A. Debats, S. Lainé et C. Dufour et on se demadait « Peut-on vivre sans réseaux ? »
avec : A. Boudry, R. Morgan, et P. Bordage.
Les Pays de la Loire sont branchés
Quelques temps après, fin janvier, toujours dans les pays de la Loire le festival Premiers Plans proposait une rétrospective « Cités du futur » qui permettait de se replonger agréablement dans
quelques uns des films et films d'animation qui donnent à voir des cités improbables, futuristes, intrigantes, imaginaires…. Au programme, par ordre d'apparition à l'écran, Metropolis,
le film fondateur de Fritz Lang (1927), Fahrenheit 451 de François Truffaut (1966), La Planète sauvage de René Laloux (1973), Soleil vert de Richard Fleisher (1974),
Le Roi et l’oiseau de Paul Grimault (1980), Blade Runner de Ridley Scott (1982) et Brazil de Terry Gilliam (1985) bien entendu mais aussi – peut-être moins connu
- Taxandria de Raoul Servais (1995), ou – très connu en revanche - Le Cinquième élément de Luc Besson (1997), Le Château dans le ciel de Hayao Miyazaki (2003), et enfin
Renaissance de Christian Volckman (2006) et Amer béton de Michael Arias (2007) pour les deux plus récents. Pour un peu, pour ceux qui connaissent le festival rennais, on se
serait cru à un Travelling Nightcity, il ne manquait peut-être qu'un petit Akira de Katsuhiro Otomo ou un petit coup de Matrix des frères Andy et Larry Wachowski et pourquoi pas
Bunker palace hotel d'Enki Bilal. Ah, et pour rester en phase avec Gibson : Johnny Mnemonic de Robert Longo sorti en 1995 et inspiré d'une nouvelle de William Gibson paru dans
le recueil de nouvelles Gravé sur chrome.
Follow the (new) White Rabbit
Vous l'avez compris, la bulle TAZ vient de rentrer dans une phase active sur MeC. Rangez vos vieux cordons de téléphone et vos Big Jim's, le futur est de retour et il nous attend déjà
!
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