• Highway to Hell Dorado

      hell-dorado.jpeg « Les jours passent et l’Enfer n’est plus aussi lointain... »
     
     On n’en finit plus de parler de nouvel âge d’or de la figurine. J’ai arrêté de tenir un décompte précis mais à chaque fois qu’on se dit « voilà que ça se calme un peu », ça repart de plus belle ! Dernier rebond en date (et quel rebond !) Hell Dorado, le tout nouveau jeu de figurines au format escarmouche, par CROC et Geoffrey Picard, chez Asmodée Editions est disponible depuis le Monde du Jeu. Après une approche toute en longueur (Winter 2006, really ?) et une montée en puissance savamment entretenue par l’intermédiaire d’un blog dédié (http://helldorado.fr/) une mise en place énorme et un départ du feu de Satan signent une entrée en force dans le monde des petits bounhommes en plomb.
     
     
    « C’est la, c’est la, c’est la SALSA DU DEMON » : le contexte du jeu.
     
     Nous sommes en 1634 (curieusement d’ailleurs, je me serais plutôt attendu à ce qu’on soit en 1666 ou – à la limite, connaissant les auteurs, en 1664, mais bon, ils ne nous laissent pas le choix dans la date), en pleine guerre de religions en Europe.  Les différentes factions impliquées dans le conflit ont conclu une paix précaire le temps d’envahir l’Enfer dont elles viennent par inadvertance de découvrir la porte de service. Une fois sur place, elles se rendent compte que les Ottomans sont rentrés par la grande porte depuis un bon moment. Du coup, c’est fort logiquement (si on veut) que tout se beau monde va s’en aller foutre sur la gueule des démons (canal historique) et des égarés (canal autonome), et y compris entre eux et réciproquement. L’historique général et celui de chaque camp est fort détaillé, avec des nouvelles qui mettent dans l’ambiance et sont bien agréables à lire. On retrouve aussi ce souci de donner du relief au jeu dans la partie consacrée aux personnages, puisque la description technique de chacun y est accompagnée par un petit texte qui le met à l’honneur. On retrouve un peu de la verve qui avait fait une partie du succès d’INS/MV, et on se dit qu’Hell Dorado aurait aussi bien pu voir le jour sous forme de JdR historico-fantastique si ça eut encore payé.
     Ca va y aller au tromblon et à la pique autant qu’au cimeterre et à la rondache, mais aussi à la boule de feu comme à l’eau bénite.
     
      boln02zoom-copie-1.jpeg Enfer et Contre Tout : le style du jeu.
     
    Quatre factions bien distinctes, avec des troupes spéciales et des tactiques propres (façon de parler), toutes les alliances possibles, des tables de jeu de petites dimensions pour un contact rapide, des interactions avec le terrain… il ne manque que le brouillard de la guerre pour obtenir un RTS. On ressent clairement l’influence des jeux vidéo – dont CROC est un célèbre chroniqueur, dans la conception d’Hell Dorado, qui est décidément à la croisée de beaucoup de chemins ludiques. Et qui débouche au carrefour juste au bon moment pour prendre la relève dans la catégorie des jeux dits d’escarmouche du célèbre Confrontation qui lui-même, ayant pris pas mal de poids en dix ans, vient de se décider à aller boxer dans la catégorie supérieure des wargames avec figurines*, où il figurera comme challenger de WHB. Il devrait être bien soutenu, tous les deux mois par l’arrivée de renforts en boîtes de renfort, et sur le long terme par l’organisation d’événements consacrés au jeu et qui permettront aux joueurs d’influer sur le background. C’était déjà un des principes de COPS et – dans le monde de la fig., la recette est déjà appliquée par GW avec ses campagnes mondiales mais aussi par Privateer Press. Une précision toutefois : le style descriptif de certains passage et quelques illustrations pourraient choquer les plus jeunes de nos lecteurs, aussi est-il préférable de déconseiller le jeu au moins de disons… 16 ans ? De toute façon les cutters ça coupe, la colle c’est dangereux, la pyroscie ça brûle, et avant cet âge là vous ne pouvez pas sérieusement avoir autant d’argent que ça à claquer dans ces conneries, si ? Oh et puis vous voulez qu’on vous le dise comment ? Cassez-vous bande de petits cons, y’en a marre de vous voir traîner plein les boutiques, allez donc réviser un peu vos devoirs et laissez les adultes s’amuser, non mais !
     
    Un pavé de bonnes inventions : Les règles du jeu.

    Ce n’est pas la première fois qu’Asmodée s’occupe d’un jeu de figurines puisqu’ils étaient les distributeurs du Retour des Dieux, jeu qu’ils ont laissé mourir d’une mort pas très propre avec tous les dégâts collatéraux que cela suppose, comme de nombreux joueurs le bec dans l’eau et des sculpteurs qui aimeraient bien être payés. Pour les sculpteurs ça va mieux, merci, puisqu’ils sont à l’origine des (presque toutes) superbes figurines de Hell Dorado. Pour les joueurs… et bien ils peuvent toujours se reconvertir, non ? En plus ce sera roleplay.

    Cela nous donne donc un livre de règles de 210 pages couverture molle** qui est censé contenir « tout ce qui est nécessaire pour partir à la conquête de l’enfer : règles du jeu, listes de compagnies, guide de peinture, background, scénarios… », tout ce qui est nécessaire en attendant les indispensables suppléments qui, nous n’en doutons pas, devraient suivre.
     
    Pour ce qui est des règles de base, autant vous le dire tout de suite, IMHO, ATM, AFAIC*** et tout ça, il ne casse pas quatre pattes à un canard. Même pas trois. Des systèmes basés sur le D6 comme celui-ci, je pourrais vous en citer des brouettes, et beaucoup qui sont meilleurs comme par exemple celui du SdA en ce qui concerne les grosses productions, ou même celui d’Argaad qui a pourtant plus de dix ans pour ce qui est des productions amateurs. Et sans parler de D6, il est aussi moins bon, moins tactique, moins créatif que celui d’Infinity et moins intuitif ou moins précis que celui d’Urban War. Reste tout de même qu’avec son système d’additions et de soustractions il se retient rapidement et qu’il est complet – permettant de faire face à quasiment toutes les situations de jeu (on voit que de vieux routiers ont bossé là-dessus). Mais ce n’est qu’avec l’ajout des règles de magie et des capacités spéciales qu’il prend tout son sel. Les capacités spéciales en tous genres amènent le fun et un aspect tactique supplémentaire avec la règle du  et la magie oblige à bien gérer l’espace puisqu’elle s’applique à coup d’auras. Mais les magos peuvent aussi faire appelle à de petits serviteurs : les lémures porteurs de sorts, sortent de sandestins qui sont autant de fire and forget. C’est comme les Pokémons : il est conseillé d’avoir toute la collec’ pour frimer et on peut se les échanger avec les copains.

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    Faites chauffer le plomb ! : les figurines du jeu.

    Soyons direct : la plupart des figurines actuellement disponibles pour le jeu sont superbes. Elles sont les œuvres des meilleurs sculpteurs français sur le tarmac et viennent s’intercaler en terme de dynamisme et de finesse entre les deux sociétés qui, IMHO, ATM, AFAIC, dans l’ordre, tiennent la tête – Dark Age et Rackham, et les meilleures (de plus en plus rares) productions de Games Workshop. On ne décèle pour ainsi dire pas de ligne de moulage, elles sont tout à fait bien proportionnées (sans armes démesurées ce qui est appréciable), s’assemblent admirablement, et leurs concepteurs n’ont pas abusé du multipart. Seuls bémols, les différents éléments d’une pièce présentent des sections lisses sur lesquelles il aurait été malin de prévoir des petits picots d’un côté et des petits trous de l’autre pour renforcer le collage, car essayer de contrepercer ce genre de pièce peut provoquer des suicides graves ; et par ailleurs il est à noter que ces petits bonhommes contiennent du plomb, ce qui implique quelques précautions d’usage auquel le métal blanc de GW nous avait déshabitué.

    Je constate que vous êtes attentifs : j’ai effectivement dit la plupart des figurines sont superbes. La plupart mais pas toutes. Comme toute gamme, celle d’Hell Dorado compte quelques ratés, qui ont été relevés bien avant moi par les blogueurs fous et autres archifans de la première heure du jeu, et se retrouvent confirmés par la hiérarchie des ventes des boîtes de compagnie, à savoir du plus au moins joué : les sarrasins, les occidentaux, les égarés et les démons. Parmi ces ratés, citons la figurine Succube et celles des damnés. Espérons que l’arrivée au mois de juillet de Foulques le Noir relancera l’intérêt pour cette faction.
     
    Ceci dit, tous les modèles photographiés pour le livre de règles ont été peints de main de maître par les artistes du studio et quelques petits gars de la Team Toulouse, et ils vont vous faire baver d’envie et suer sang et eau pour en livrer de maladroites approximations, pauvres mortels aux petits doigts boudinés et daltoniens. Où alors, comme quelques rats de tournoi de ma connaissance, vous allez abdiquer d’entrée de jeu toute fierté personnelle et toute prétention coloriste et vous vous rabattrez sur la bombe de sous-couche blanche, prenant le risque que ce soit CROC en personne qui vous châtie comme il se doit.

    L’enfer du décor :  les décors du jeu.
     
    C’est une des idées fortes d’Hell Dorado : les décors doivent jouer un vrai rôle tactique autant que d’ambiance et visuel pendant les parties. De nombreuses pages sont d’ailleurs consacrées à la fin de l’ouvrage à la façon de réaliser de zolis décors à domicile. Vous trouverez aussi beaucoup de hoses à ce sujet sur le site d’Hell Dorado qui vient d’ouvrir ou chez les maniaques de Terraformation.
     
    L’Enfer chez les autres : Les figurines des autres gammes qui s’adapteront très bien à Hell Dorado.

    La quatrième de couverture prétend que « pour profiter pleinement du jeu, vous devrez utiliser les figurines officielles Hell Dorado, présentées en boîtes de compagnie**** ou en boîtes de renfort et disponibles chez votre revendeur ». Mais nous à Mondes en Chantier nous sommes des genres d’insoumis, et c’est pourquoi je n’ai pas peur de hurler ici à la face du Monde du Jeu : « MON CUL ! »

    Le « code » d’Hell Dorado permettant de générer les diverses caractéristiques des personnages n’est pas très difficile à « casser » et comme celles du jeu font environ 28 mm, de nombreuses figurines existent déjà dans le commerce qui devraient vous permettre de représenter sur vos tables les références qui ne sont pas encore sorties. On pense ici naturellement aux chasseurs de sorcières pour Mordheim qui étaient un peu plus grands que le reste de la gamme, ce qui tombe bien (mais un peu gros de partout aussi, ce qui tombe moins bien), ou encore à certaines pièces de chez Rackham (les figurines Rackham ne sont pas toutes, loin de là, à la même échelle, même lorsqu’il s’agit d’humains lambda) ou de chez Privateer Press (là aussi les variations de taille sont importantes). Quelques références de démons pour Le retour des dieux devraient reprendre du service, surtout le gros démon () qui fera un magnifique leader, et de même chez Fenryll qui est à la relance en ce moment et va probablement sortir d’ici quelques temps des pièces collant à l’actualité, comme ils n’ont pas manqué de le faire avec des gardes, des enfants des rues, un marchand ambulant, etc. qui vont très bien dans les rues de Cadwallon, et comme ils savent le faire d’ordinaire. L’inspiration ne manque pas.
     
    En parlant d’inspiration, c’est d’ailleurs l’occasion de dire ici que plusieurs figurines du jeu semblent très inspirées par d’anciennes références GW. Le Bretteur des Occidentaux a indéniablement un air de famille avec le Noble Impérial de Warhammer Quest et la future figurine de Don Quichotte pourrait bien ressembler comme un frère (sauf le cheval) à un certain mercenaire Chevalier Errant de Mordheim.

    Et pour finir, une bonne baston ! : le mot de la fin.
     
    Se lancer dans un nouveau jeu de combat avec figurines n’est jamais une entreprise à prendre à la légère, tant les budgets concernés sont potentiellement lourds : le budget figs., le budget peinture, le budget matériel, le budget table de ping-pong, et puis après le budget temps, le budget bière,  le budget pizza, et puis encore après le budget sport et régime, le budget SOS amitié voir le budget divorce et le budget psychanalyse. Qui plus est, étant donné l’offre pléthorique de ce début de XXIième  siècle, il convient de bien peser le pour et le contre pour être sûr de ne pas regretter son choix après quelques parties. Mais ça tombe bien ! De nombreuses parties de démonstration vont être organisées un peu partout en France et en Belgique, ce qui va vous donner l’occasion d’essayer, de vous faire prêter des figs. Et expliquer tranquillement les règles. Avec ça plus aucune excuse pour ne pas commencer à pousser des bouts de plomb sur la feutrine. Alors banzaï !, et souvenez-vous : comme le dit CROC, « la stratégie, c’est dix contre un, et par surprise » !
     

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    • * : Article à venir dans la rubrique « du plomb dans la tête » de Mondes en Chantier (note de Narbeuh : bah ouais, David est désormais adepte du 1 artcile = 1 nouvelle rubrique...)
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    • ** : Plus moyen de trouver une couverture cartonnée digne de ce nom chez le marchand en ce moment. Hell Dorado est à couverture molle, Crimes et Maléfices aussi,
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    • *** : A la demande générale de Narbeuh, Général en chef des Mondes en Chantier, je vais maintenant pourrir mes articles de In My Humble Opinion, According To Me, et autres As Far As I’M Concerned, afin que nous puissions conserver notre image politiquement correcte de neutralité bienveillante qui, selon une politique éditoriale à très long terme, vise à faire de nous le nouveau Casus Belli de la cybertoile.
    • **** : petit plus promotionnel, un golden ticket a été glissé dans quatre (une par faction) des premières boîtes de compagnie disponible. L’auteur de ces lignes n’a pas eu la chance d’en découvrir un dans celle des Occidentaux non plus que dans celle des Sarrasins qu’il s’est empressé d’acquérir pour la pas très modique somme de 40 euros pièce. On peut en déduire au moins quatre choses. Premièrement la vie est cruelle, mais ça vous le saviez déjà. Deuxièmement tout mon budget figurines du trimestre et même plus y est passé. Troisièmement j’ai des goûts forts communs. Et quatrièmement, statistiquement ça augmente vos chances. Enfin une bonne nouvelle !
    « Loup Solitaire JdR : la critique dont vous êtes le hérosBientôt un n°2 pour les excellents Songes d'Obéron ! »

  • Commentaires

    1
    Jeudi 12 Juillet 2007 à 12:32
    correction:
    "chez Asmodée Editions est disponible depuis la GenCon 2007".

    (et non pas "le monde du jeu")

    ;)
    2
    Jeudi 12 Juillet 2007 à 17:41
    Ooops ! Merci ! grosse boulette aussitôt corrigée par une des millions de petites paires d'yeux du web.
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