• Inspi Terra Incognita : La Vénus anatomique (roman)

    Ce roman au nom intrigant est signé Xavier Mauméjean (auteur adepte du roman à énigme et de l’uchronie). Il a été publié en 2004 chez Mnémos, a reçu en 2005 le prix Rosny aîné décerné par l'ensemble des participants à la Convention française de science-fiction et est finalement disponible depuis peu au format poche. Pour être tout à fait complet, il faut préciser que le roman a été d’abord une pièce radiophonique pour France Culture (et oui…) puis une nouvelle.

    L’idée de La Vénus anatomique existe donc depuis longtemps et j’avais repéré très tôt cette nouvelle (à l’époque) comme étant une source d’inspiration possible pour le projet que je commençais déjà à faire bouillir dans la marmite de mon petit cerveau.

    Le pitch ?

    En 1752 le et philosophe Julien Offray de La Mettrie passe des jours paisibles à Saint-Malo. La Mettrie, chirurgien, chercheur mais aussi un peu philosophe, est connu comme l'auteur de L'Homme-machine, publié anonymement en 1747 et qui lui valut bien des ennuis. C’est à Saint-Malo, donc, que le Secret du Roi (Louis XV, le roi) vient le chercher pour l’engager afin de relever un défi proposé à toute l’Europe par Frédéric II de Prusse : concevoir un nouvel Adam. Rien que ça ! Pour réussir cet invraisemblable pari, il faut une équipe de choc : le Secret adjoindra donc à La Mettrie, Vaucanson, le créateur d’automates, Fragonard, le frère de l’autre ou encore le célèbre Chevalier d’Eon…

    Bon, y en a un peu plus : je vous le mets ? OK, alors, disons : Diderot, Bach, Casanova, l’architecte visionnaire Ledoux… Donc, pas d’ambiguïté : il s’agit bien d’une uchronie (tous ces gens ne se sont pas rencontrés, surtout pas dans cette occasion). Et on est bien en plein 18ème siècle. Vous comprendrez mon grand intérêt devant l’exercice de style, n’est-ce pas ? Bien sûr, il s’agit du milieu voire de la fin du 18ème siècle alors que Terra Incognita se concentre sur la fin fantasmée du règne de Louis XIV. C’est sûr : les mêmes hommes, les mêmes évènements ne pourront se retrouver dans les deux uchronies. Mais, outre le principe similaire, l’ambiance qui se dégage de l’œuvre est forcément, à 30 ans près, assez similaire au rendu que je souhaite pour mon univers de jeu.

    Outre l’uchronie, c’est son aspect fantastique qui séduit aussi dans cette œuvre. Elle paraît dans une collection de SF et c’est vrai que la vision du Panopticon de Ledoux (voir illu ci-dessous pour un vrai projet de l’architecte) peuplé de soldats automates crées notamment par Vaucanson relève en effet de la « rétro-fiction ». De même, je compte bien peupler Terra Incognita d’automates sophistiqués, d’engins à vapeur ou de dirigeables… autant d’inventions qui ne datent pas vraiment de la période du jeu (1720) mais qui sont toutes dans l’air du temps et qui s’apprêtent à prendre forme entre leurs mains de leurs créateurs. Alors, si l’uchronie donnent à ces créateurs les moyens d’accélérer leur travail, on peut imaginer un aboutissement de leurs travaux avant le terme historique. Même logique que dans le roman de Mauméjean, donc.


    Bon, au fait, il est comment, ce roman ? Bah : il est très bien. En plus, il est super bien écrit, ce qui n’est pas si fréquent pour les romans de SF ou apparentés (voire quelques inspis suivantes dans cette rubrique…). L’auteur présente son récit sous forme des mémoires de La Mettrie et emploie donc un langage inspiré de celui du 18ème siècle, qu’il manie avec une aisance remarquable dans pour autant tomber dans le pastiche pesant. C’est fait avec humour et un grand sens de la répartie. C’est un peu, en plus noir, le ton d’un film comme Ridicule. Un vrai bonheur. Mais un peu intimidant pour celui qui veut ensuite s’y coller. Surtout en ajoutant des trucs aussi littéraires que « Jetez 2 D6+3 pour calculer votre Init. »…

    L’intrigue est un tout petit peu plus décevante. Très enlevée et passionnante au début et même sur les 2/3, on sent fortement que la fin subit un traitement accéléré qui est, parfois, à la limite du compréhensible. Dommage : c’est la partie qui s’intéresse le plus au cœur du sujet. C’est un peu comme si l’auteur avait été plus passionné par les préliminaires et les à-côtés de son sujet plus que par ce dernier.

    Enfin, ne finissons pas sur une note négative quand même : c’est, de loin, le meilleur roman contemporain que je présenterai (jusqu’à nouvelle découverte bien sûr) dans cette rubrique.<o:p></o:p>

    <o:p></o:p>

    « Inspi Terra Incognita : Les Aventures du baron de Münchhausen (film de 1943)Inspi Terra Incognita : La Lune et le Roi-Soleil (roman) »

  • Commentaires

    1
    davidalpha
    Mercredi 17 Septembre 2014 à 11:18
    Le pitch ? Le pitch ?... Ah oui le pitch !!! ouh miam miam, où qui sont, c'est bon ça les pitchs ! surtout dans le café froid, les qui sont à la nouasètte chimique et pi ya des pitis autocollants rigolos avec avec les bounhommes qu'ont des billes dans les yeux !!!
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :