• Néo-sov, un petit préfabriqué de background pour Cyberpunk (3.0 aussi ??)

    spinrad1-copie-1.jpg Tiens, l'autre jour, je suis tombé sur mes exemplaires de ce roman de Norman Spinrad en deux tomes, "Le printemps russe" et je me suis rappelé qu'à l'époque, MJ à Cyberpunk 2020, j'avais trouvé ça bien sympa. Bon, aujourd'hui, c'est complètement largué question anticipation (le retour de l'URSS tout ça, ben voyons...) mais, pour ma part, le style néo-sov avec ses prothèses pourries et ses enjeux pétroliers reste une part importante de l'imagerie proprement cyberpunk. A l'époque, en mélangeant les romans, le background du jeu de chez Talsorian (ça, ça fait pas lourd ;-!) et mes propres connaissances en géopolitique (bon, OK, ça fait pas si lourd non plus...), j'en avais tiré ce petit article d'une encyclopédie de 2020.

    Je ne sais pas si ça peut encore servir pour la version 3.0 du jeu (mais je serais curieux qu'un lecteur m'en informe : coup de coude, allusion...) mais je vous la livre telle quelle façon préfabriqué.


    Néo-sov  (nom variable et adjectif)

    Terme générique employé dans la langue courante pour désigner tout ce qui concerne la Nouvelle URSS.

     Ex : « Mais qu’est-ce que c’est encore que cette émission pourrie ? C’est un feuilleton Néo-sov ou quoi ? ».
     
     Cette partie de l’Eurasie fut l’une des régions ayant connu le plus de modification géopolitiques lors du Collapse mondial. Au début du 21ème siècle, la Russie et certains de ces anciens satellites comme l’Ukraine et les Pays Baltes étaient sur le chemin d’un capitalisme libéral classique et se rapprochaient à grands pas de l’adhésion à notre glorieuse Union Européenne.

    Pourtant, un certain nombre d’éléments négatifs subsistaient, porteurs des troubles futurs. D’une part, la Russie devait faire face à de sérieux mouvements séparatistes, par exemple en Iakoutie où des groupes armés s’opposent à la volonté de Moscou de reprendre en main les différentes régions plus ou moins éloignées de son pouvoir central. D’autre part, au niveau social, l’écart entre les plus riches et les plus pauvres ne cessait de se creuser pour prendre une ampleur inédite et difficilement supportable, d’autant qu’aucun organisme social ne venait atténuer la condition des plus pauvres. A cela peut s’ajouter une mafia sur-puissante qui, elle aussi, voyait d’un mauvais œil les tentations autoritaires du nouveau pouvoir de Moscou. Enfin, on pourrait ajouter que certains anciens satellites, encore très liés à la Russie, se trouvaient au plus mal d’un point de vue économique : on peut ainsi citer le Bélarus ou le Kazakhstan.

    A la fin des années 2000, les rues de Russie commencent à être le terrain de bataille opposant d’un côté les nostalgiques de l’ex-URSS, de plus en plus nombreux, aux milices fascistes qui entendent lutter contre les premiers à leur façon… Inquiète devant cette situation quasi-insurrectionnelle, l’Union Européenne prend ses distances avec la Russie, l’exhortant à rétablir l’ordre chez elle. C’est alors que le Collapse économique mondial finit par enlever toute crédibilité au pouvoir en place…

    En effet, en 2011, le Bélarus, suivi par plusieurs pays de l’ex-URSS, totalement exsangues, réclame son retour dans le giron russe. Pour d’évidentes raisons économiques, le pouvoir de Moscou refuse… au grand dam de l’opinion publique russe qui y voit un reflet de la puissance envolée de la Russie. Les organisations clandestines communistes, en lien avec l’armée et la mafia, déclenchent alors un coup d’état victorieux. En quelques victoires éclairs, soutenus par une bonne partie de la population, les communistes reprennent le pouvoir ! Ils s’empressent de reconstituer officiellement l’URSS et acceptent aussitôt les demandes des états satellites.

    Ce double coup de force provoque bien sûr un très important retentissement international. Des pays comme l’Ukraine ou la Lituanie, inquiets du retour de l’URSS, protestent énergiquement. L’UE menace d’intervenir mais, noyée dans ses contradictions internes, semble loin de pouvoir intervenir. Les USA, repliés sur leur continent, préviennent qu’ils n’ont que faire du type de régime en place en Russie mais que, si les armes nucléaires devaient encore être employées, ils écraseraient toute la région sous le poids de leur feu nucléaire.

    Devant l’apathie générale, l’Armée Rouge reconstituée est envoyée dans les pays ayant demandés leur rattachement mais aussi dans les autres anciens pays d’URSS où pourtant seule une petite minorité de nostalgiques les soutient. Après quelques jours de combat de rue entre partisans et adversaires, Kiev, la capitale ukrainienne ouvre ses portes aux blindés de l’Armée Rouge : c’est le « coup de Kiev ». Toute l’Ukraine se rallie. Dans d’autres pays, comme en Moldavie, l’entrée des troupes néo-sovs est encore plus aisée, accueillies par les hourras de la foule. Dans d’autres, par contre, l’opposition est réelle et de véritables batailles rangées s’engagent. Ainsi, les Pays Baltes et l’Azerbaïdjan s’enflamment.

    undefined Après quelques mois, la communauté internationale se décide à agir et une conférence est réunie sur le sujet à Stockholm après l’acceptation d’un cessez-le-feu par toutes les parties. Les USA refusent d’y siéger. De ce fait, l’UE et le Japon seront les principaux négociateurs présents.

    La conférence de Stockholm s’achève en 2013 par la reconnaissance internationale de la Nouvelle URSS dans ses frontières du cessez-le-feu. Pour obtenir cela, les néo-sovs ont du se soumettrent à un certain nombre d’engagements : l’abandon de toute prétention sur les territoires qu’elle essayait d’annexer par la force, le respect des engagements internationaux de la Russie (notamment sur le désarmement), la pérennisation des accords d’association avec l’UE (ce qui, d’une certaine manière, contraint l’URSS à rester capitaliste…)… En outre, pour se concilier le Japon, l’URSS lui abandonne la souveraineté sur les îles Kouriles, au nord de l’archipel nippon, qui ont longtemps empoisonnées les relations entre les deux pays. Cet événement suscite un vaste élan de nationalisme au Japon.

    La principale conséquence du statu quo est la séparation de fait des Pays Baltes en deux zones. L’est, occupé par les forces néo-sovs, est intégré à la Nouvelle URSS. L’ouest, qui résistait encore, devient un nouvel état : la République Balte, formée à partir d’une partie des territoires des anciennes Lettonie et surtout Lituanie. De façon à « faire passer la pilule », la République Balte est intégrée à l’UE avec un statut spécial. De façon à éviter tout problème futur, l’URSS est contrainte de se séparer de l’enclave de Kaliningrad au plus vite.

    Bien sûr, la paix ne revient pas d’un seul coup et de nombreux combats sporadiques se déroulent encore aujourd’hui aux périphéries de l’immense empire néo-sov. De plus, des mouvements indépendantistes se rappellent régulièrement au bon souvenir de Moscou par leurs actions terroristes, en Ukraine notamment.

    En matière de politique économique, l’URSS, liée au capitalisme par les accords d’association avec l’UE, a remis au goût du jour la NEP des années 1920. Dans cette nouvelle politique économique, l’agriculture, le commerce de détail et la plupart des PME appartiennent au domaine privé et fonctionnent donc selon les critères capitalistes. Seuls les très grands groupes furent nationalisés. L’économie se rapproche alors du modèle initié par la Chine : une économie à la fois capitaliste et communiste où la richesse produite profite essentiellement à la classe dirigeante des corpos néo-sovs, la NOMENKLATURA. Ceux-ci vivent dans l’opulence pendant que la masse du peuple est maintenue dans l’illusion d’un régime plus égalitaire grâce, il est vrai, à une amélioration des services publics mais aussi grâce à la propagande et la limitation des libertés personnelles. Certains intellectuels occidentaux, provocateurs irresponsables, ont été jusqu’à suggérer que ce modèle néo-sov n’était pas si éloigné de nos démocraties libérales ! Il est à noter que malgré la similitude entre les deux régimes, les relations entre l’URSS et la Chine populaire restent fluctuantes et au mieux fraîches.

    Les grandes corporations néo-sovs n’ont eu aucun mal, soutenues par un état de près de 200 millions de personnes, à s’imposer dans le concert international. On peut noter la corpo SOVOIL, géant pétrolier mais aussi AEROFLOT, compagnie aérospatiale ou encore RED STAR, compagnie géante fabriquant et distribuant l’essentiel des biens de consommation de fabrication néo-sov.

    A noter, pour être tout à fait complet sur le volet économique, que la mafia possède des liens indiscutables avec la nomenklatura et reste donc très puissante.

    Malgré les apparences d’un état fort et autoritaire, on voit donc que le pouvoir de Moscou est limité. Outre la mafia, les régions périphériques sont assez autonomes, contrairement à ce que la propagande tente de faire croire. De fait, le pouvoir central a du concéder des libertés assez importantes aux régions les plus éloignées d’Asie centrale et de Sibérie. Moscou y soutient les dirigeants locaux acceptant de jouer le jeu des apparences d’un pouvoir central fort (propagande, bases de l’Armée Rouge, sièges des corpos d’état…), quitte à ce que ceux-ci confisquent la réalité du pouvoir local, gouvernant leur région comme bon leur semble. On assiste ainsi dans ces régions à une multiplication de mini-dictatures quasiment indépendantes liées à Moscou par un système proche du fédéralisme.

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  • Commentaires

    1
    [ALT+R] Fred
    Mercredi 17 Septembre 2014 à 11:14
    Top vintage mais bien sympa à lire.
    Quant à y jouer... En même temps, il ya peu, est sortis un jeu avec un thème +ou- proche de l'URSS, Sovok, il me semble que ça s'appele (je m'exilerai en Sibérie si je me trompe). On reste dans un envirronnement propice au jeu. Qui l'eut cru ?? C'est si loin, que ça en parait fantastique (au même sens que dans l'expression "med-fan", je préfère préciser).
    Mais, en même temps... C'est pas si étrange que ça, après tout. Sur un autre forum, je disais que les moins de 30 ans ne peuvent pas se rappeler qu'on a vécu (je parle aux plus de 30 ans ^^) avec tout un tas de bombes A, H et autres pointées sur nous, tant d'un côté que de l'autre.
    Mine de rien, ça forge un caractère : la vie, la mort... Pfiou, je m'en fous, j'ai connu la guerre froide. Chaque crise était un risque de plus de périr grillé vif irradié brulé gelé enfoui sous les poussières, le tout sous un flash de milliards de chandelles. Zen.........

    L'URSS a aussi été un modèle pour pas mal de gens dans notre "monde libre" (j'adore la note sur les esprits chagrins qui prétendent que... génial !) et les expressions typiques de la Novlang communiste appartient à un vocabulaire qui "parle" encore à beaucoup.
    Pas de honte à avoir, donc : voilà un bon petit background solide, qui tient la route, délicieusement surrané mais porteur de réalités très actuelles. Si j'étais encore MJ à CB2020 (le seul qui vaille la peine, désolé Mike P) je le proposerais à mes joueurs (heu, non, je le leur imposerai ;-).

    Merci, Monsieur Mondesenchantier ^^
    2
    Narbeuh
    Mercredi 17 Septembre 2014 à 11:14
    Oui, Sovok, c'est bien cela. Le jeu, qui se déroule dans une URSS cyber des années 2025, était sorti en PDF payant et devait sortir chez Ubik en 2007 en version papier augmentée. Dans ce second cas, il aurait été mien pour les raisons évoquées dans l'article mais, décidément, le PDF, c'est problématique pour moi donc, bon... je voulais parler du jeu dans l'article mais en fait, j'en ignore à peu près tout pour le moment.

    Mais les personnes intéressées peuvent aussi aller voir sur le site dédié au jeu : http://www.sovok.org/

    Bon, pour revenir à mon article, le pari, maintenant, c'est d'écrire la même chose pour le projet TAZ... en plus réaliste, donc !
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