• Ô Ravage, ô désespoir !

    Ô Ravage, ô désespoir, ô jeunisme ennemi, n’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?

    Avertissement au lecteur :
    Que les choses soient claires : le premier qui prononce ici le nom de
    Black Box uniquement pour faire rire à bon compte et de façon franchement mesquine ses petits camarades* se verra poliment mais fermement reconduit vers la sortie parce que ce n’est pas le style de la maison. Non Môsieur, pas du tout ! Non non.

    Mémoire d’outre-tombe

    Commençons cette petite revue des magazines du trimestre écoulé consacrés de près ou de loin à nos loisirs (le Jeu de Rôles, les figurines, le jeu de plateau, le lancé de couteaux dans le dos) par déplorer le changement de formule de Ravage. Cela s’est produit au numéro 46 (pendant que vous ne regardiez pas on en est déjà au numéro 48) et c’est minable. Pas sur le fond, rassurez-vous, tous les bons trucs que ça contenait avant sont toujours là et c’est l’essentiel, mais sur la forme : plus petit format, des cadeaux marketing à deux balles (pour le numéro 47 un cadeau qui fera date : une « lithographie Mark of Chaos exclusive ! » qui me fait franchement penser à une publicité pour une banque avec des jumelles en plastique), et le symbole du changement : le Sergent Killgore, dessiné par Louis, qui est la nouvelle mascotte du magazine. La description du personnage proposée par le mag’ parle d’elle-même, voyez plutôt :
    « Killgore est velu (même s'il est chauve), Killgore est brutal, Killgore se rit de l'adversité et foule des ses rangers cloutées les restes de ses ennemis, Killgore boit sa bière dans le crâne de ses victimes, Killgore crache du plomb et rote du napalm, Killgore utilise des dés en adamantium et quand il les lance, c'est souvent dans la g...** , Killgore n'a pleuré qu'une seule fois dans sa vie, c'était le jour ou le Seigneur de Guerre Yagla Dunst lui a cassé Nounours, son porte-clé fétiche quelques secondes avant de mourir dans d'atroces souffrances, Killgore ne triche pas, il est victorieux, Si Killgore savait lire, il lirait Ravages... ».

    Oh la la ! Que dire d’autre ? Peut-être que cela pourra, question rodomontade puérile, rappeler aux vétérans un certain Docteur dans les antédiluviens Chroniques d’Outre Mondes, et le plus drôle reste que - la concurrence se faisant rude dans le secteur porteur de la figurine – un autre titre très similaire question contenu vient de paraître dont la mascotte (une Bellaminette de l’espace) marque à la culotte (culotte c’est le mot clé) et ringardise instantanément le bon sergent. Le pire, c’est qu’à en croire leur éditorial du numéro 47, ils sont contents de leur coup. Pitoyable***.
    Et  pourtant ils n’ont vraiment pas besoin de ça ! Voyez le numéro 48 : ce sont 100 pages de bonnes choses, des articles pointus et agréables à lire, des infos de partout, que du bonheur****. Les gars, recentrez-vous sur les fondamentaux !

    NB : les hors-série sur les figurines de concours restent anecdotiques, sauf si vous êtes dans la partie et vraiment un gros maniaque comme moi.

    Il en sort de partout !

    Ce serait d’autant plus souhaitable que la concurrence se fait soudain rude dans le secteur du petit bounome. Prenons par exemple ce numéro 1 avec un Space Marine déchainé sur la couvrante : ce nouveau titre bimestriel, publié par Play Factory, porte le nom évocateur de Codex Interdit. Evocateur de l’univers GW si vous suivez, fine inspiration alors que débarque la nouvelle mouture de WH40K. 82 pages plutôt de bonne tenue, plein d’articles fort sympathiques, avec une tronche (une mise en page, un style et un je ne sais quoi) qui m’évoque irrésistiblement le Backstab de la fin des années 90’. Mais qui n’aurait parlé que de figurines alors.

    Mais la référence en la matière reste bien entendu la revue consacrée exclusivement au zobbi : White Dwarf, qui en est en ce mois d’août ensoleillé à son numéro 172 (ça laisse rêveur) consacré en grande partie à la sortie des nouveaux et très moches Elfes Noirs, avec une gamme qui a été très attendue et finalement on se demande bien pourquoi puisqu’elle est très ratée, à l’exception peut-être du gars avec les gros couteaux et le masque de poulpe qui me le fait bien. Il semblerait qu’on se dirige vers des figurines sans personnalité et plutôt en plastoc pour le gros de la prod’, et quelques belles figs pour la vente par correspondance (Champion de l’Empire, Capitaine pirate de Sartosa…) – je sens que je vais détester ça. Sinon dans le même numéro il y a des choses en rapport (de bataille) avec la nouvelle version de WH40K et un article sur la fabrication de décors  « Mordor » pour le Seigneur des Anneaux. C’est tout à fait recyclable pour des décors Hell Dorado et je m’en vais essayer bientôt quelques unes de ces techniques.

    Par ailleurs, pour les gens sérieux et les vieux grognards sachez quand même que le numéro 83 de la respectable revue Figurines est en kiosque, et contrairement à ce que vous pourriez penser si vous êtes plein d’a priori, elle n’est pas réservée à ceux qui votent pêche nature et traditions. Les figueux « historiques » ont vraiment beaucoup à apprendre aux « fantaisistes », et réciproquement ; la tendance à la mixité étant d’ailleurs bien amorcée dans les concours depuis deux ou trois ans, et d’ailleurs pour preuve ce numéro 83 vous propose (ainsi qu’aux figuéristes historiques qui voudraient s’encanailler) page 14 pour la première fois un échantillon des figurines futuristes et fantastiques proposées actuellement par les différentes marques qui en font ! Et tout se passe bien à condition d’avoir les cheveux coupés courts et de saluer le drapeau, ce qui est quand même la moindre des choses, couilles de loups !

    Bon, si vous êtes un poil moins martial et autant joueur que peintre n’oubliez pas Vae victis 80 plus le hors série armées miniatures. C’est une valeur sûre avec laquelle on passe toujours un bon moment.

    Rôle ma poule !

    Après une période de disette lors de laquelle il fallait fureter à droite et à gauche dans les revues consacrées à l’imaginaire du genre Khimaira – qui, soit dit en passant fête actuellement ses dix ans (déjà) avec un numéro 15 (nouvelle série) qui traite de la Fantasy urbaine et propose une interview de Mickael Moorcock – pour se mettre quelque chose sous la dent, c’est soudainement l’affluence !

    Parmi ceux qui s’avancent voici venir un nouveau bimestriel : Dragon Rouge, le magazine qui va accompagner la nouvelle version de DD. Ce sera franchement orienté vers les univers du jeu de Gary Gygax, avec des plans de tavernes ou de donj’ dedans, des fiches de perso et tout et tout, mais pas que. On trouve par exemple dans ces 82 (tient … ah bah oui c’est publié par Play Factory) premières pages un bon « panorama du jeu de rôle » destiné au débutant. Et des nouvelles de Polaris***** ! Au moment où j’écris ces lignes le numéro 2 est disponible et c’est dans la même veine.

    Moins orienté DD mais quand même bien intéressé par la question, voici que s’avance à son tour pour entrer dans l’arène, le premier numéro de Jeux de Rôle Mag’. Sur la couverture où une grande barbare blonde à forte poitrine s’apprête à affronter une bande de nains en casques à pointe on nous promet « inclus : un jeu de rôle complet ». Il s’appelle Undésix, le JdR qui se joue avec un dé à six faces, et pourra à l’extrême limite servir à faire rigoler vos petits cousins 5 minutes s’ils arrivent à rester assis tout ce temps sans se battre. Mais pour le reste c’est plutôt intéressant, avec notamment  une interview de D. Guiserix (qui n’est pas l’auteur d’Undésix) : « oh grand maître, quelle est donc cette secte très étrange ? » qui a pris le maquis depuis belle lurette et qu’on était réduits à retrouver de temps en temps au hasard d’une rencontre dans les pages de tel ou tel magazine, un dossier qui passe en revue les différents JdRs qui ont marqué notre loisir, et bien sûr des critiques de jeux (Kuro, Cadwallon, Capharnaüm, Humanydyne, etc.) dont je dois dire que j’ai apprécié le ton et la franchise. On est loin du ton neutre bon des critiques auxquelles on était habitué à l’époque des grands anciens lorsque dire du mal d’un jeu de rôle c’était dire du mal du jeu de rôle, et critiquer un éditeur c’était mordre la main qui vous nourrit. Cette liberté de parole est particulièrement notable dans la critique de Capharnaüm – je béni régulièrement le  Studio Deadcrows et le Septième Cercle, j’aime ce jeu et je crois que c’était le meilleur de 2007, mais j’adhère à tous les bémols et reproches que lui adresse Cédric B. Et en lisant cette double-page très évocatrice je me suis dit que ce gars là était en train de nous casser la baraque (ich, ich) puisque c’est exactement le genre de critique que vous auriez déjà dû lire sur ce blog si je n’étais pas si fainéant du clavier. Quand la presse pro commence à faire le boulot des blogs, où va-t-on, je vous le demande ?

    Allo Papa Tango Charlie : Back to Front

    Qu’est-ce que comment que quoi ? Qu’entends-je ? Qu’ouïe-je, basculez-les dans la dimension parallèle et toutes ces sortes de choses ; vais-je être obligé de m’expulser moi-même ? Voici que l’incroyable se produit au moment où on l’attendait plus !

    Clairement à la période la plus défavorable, surgissant au cœur de l’été du triangle des bermudas, alors que les quelques rôlistes qui existent encore sont loin de chez eux, de leurs repères, de leur loisir et de leurs Maisons de la Presse, voici que revient d’entre les morts, après deux ans d’absence (bien plus fort que Lazare) Black Box 3 ! Mais oui, vous ne rêvez pas, comme la couverture vous l’indique sans équivoque, quelques goules ludophiles sont allées le remonter du fond du puits où il pourrissait lentement pour le livrer à notre appétit jamais rassasié de nouvelles revues et d’infos fraiches. L’éditorial revendique la parenté avec Casus Belli et je dois dire que c’est de bonne tenue, avec peut-être quelques infos et critiques un peu défraichies mais dans l’ensemble ça vaut l’investissement. Allez, soyons même militants, achetons-en tous 4 ou 5 pour les distribuer autour de nous sinon il va replonger illico presto dans le coma. Vous pourrez y lire des choses sur les publications D20, sur le Star Wars Old School, sur le roleplay en combat (euh… baston !?!), et même en apprendre plus sur le nouveau Polaris en croisant vos doigts de pieds palmés pour ne pas rencontrer l’Homme-Triton de la pub lors de vos vacances à la mer. Dans tout ça je voulais mettre particulièrement un coup de projecteur sur Oblis, le pays des brumes,  un setup pour « tout jeu médiéval fantastique » comme on dit, et qui est certainement appelé à prendre sa place au panthéon des univers de JdR étant donné sa qualité, pour peu que la deuxième et la troisième partie puissent être publiées dans les numéros suivants, bien entendu…

    Epaisse et très éclectique, je ne pouvais pas manquer de vous signaler la luxueuse revue Amusement qui, sous un titre qui risque d’évoquer pour beaucoup les jeux d’enfants s’adresse pourtant directement aux adultes et se révèle une lecture très agréable, d’autant plus que le numéro 1 propose une immanquable interview du maître du Cyberpunk, William Gibson. Il y indique qu’il s’est lancé dans une entreprise déconstructiviste de cette vision de l’avenir, et nous en reparlerons dans nos articles sur TAZ, notre jeu Cyberpunk en gestation. Il y a de tout dans cette publication : des articles sur la tendance à exploiter les bugs dans les jeux vidéo, sur l’art graphique et le Locative Art en relation avec ces mêmes jeux vidéo, des choses sur les univers imaginaires, sur les jeux massivement multijoueurs et persistants, etc. De tout sauf du JdR. Bon sang d’arrosoir Juju, mais qu’est-ce qu’on attend pour leur en proposer ?

    A l’antipode de cette publication destinée aux adultes (en tout bien tout honneur), une pub sur la quatrième de couv’ du numéro 2 de Dragon Rouge nous signale aussi l’arrivée imminente d’une publication de Milan jeunesse destinée aux enfants : Chaudron Magique, « le magazine fantasy de 8 à 1000 ans ». Une sorte de pré-initiation aux univers imaginaires, et pourquoi pas aux JdR (Contes de fées, Grimm, que sais-je).

    Et pour faire bonne mesure, dans un autre rayon, je vous indique les Cahiers de Science et Vie consacrés à « La sorcellerie et les sciences occultes, du Moyen Age à la Renaissance », qui ne saurait vous laisser indifférent si je vous connais bien.

    Ceux qui vont mourir te saluent


    Qui se souvient encore du magazine Magnus (bon titre ça, qui évoque la puissance et se termine comme Casus) en kiosques en l’an de grâce 2005, me disais-je à moi-même il y a quelques jours alors que j’en trouvais tout à fait par hasard un vieil exemplaire couvert de la poussière du temps et qui avait échappé au retour à l’envoyeur qui sait comment dans une petite Maison de la Presse du fin fond du Roussillon. Alors même s’il y a actuellement pléthore, ne nous emballons pas (surtout sous cellophane, merci pour ceux qui aiment feuilleter en kiosque) : nous verrons à la rentrée, et plus sûrement encore début 2009 lesquels de ces titres auront survécu. L’hiver est terrible pour les petits oiseaux…

    * : pour tirer en quelque sorte la couverture à lui. La couverture, mphpfff !, …
    ** : la tradition de l’initiale suivie de trois petits points pour ne pas écrire un gros mot remonte au minimum à la P… respectueuse de Sartre. Comme quoi on a beau être des pauvres T… de Geeks, on a quand même des Lettres.
    *** : pour que le lecteur comprenne mieux quel genre d’individu grincheux et rétrograde rédige ces lignes il faut qu’il sache que le susdit a déjà résilié son abonnement à Bo Doï qu’il lisait fidèlement depuis le numéro « 0 » après que ce magazine de BD ait tenté lui-aussi le coup de la nouvelle formule, maquette ratée, couverture à gerber, et tutti quanti. Par contre il conseille le numéro actuellement en kiosque de DBD qui propose une interview de Pierre Dubois.
    **** : Mention « franchement limite » quand même pour la pub de Hell Dorado de la page 2 du numéro 48 : «  Oubliez les balles à blanc, faites parler la poudre noire ! ». Autant j’aime bien quand l’équipe du jeu charrie la concurrence, autant là – même si j’apprécie l’humour noir à mes heures – je dis carton jaune.
    ***** : Eh, les gars, pour Polaris le jeu de mots de la couv’ il était Trademark, envoyez la monnaie. Fallait me demander je vous en aurais soufflé d’autres. Tiens, par exemple : « Polaris : De Profundis » et hop, vous attiriez illico les joueurs de Maléfices…
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