• Cyberpunk 3 a été pendant des années une de ces arlésiennes dont le milieu du JdR est coutumier. Et puis Cyberpunk 3 est venu, et il a bien fallu se rendre à l’évidence : il était vert fluo et avait une tête de Big-Jim.

    Lafayette, nous voilà !<o:p></o:p>

    Déjà à l’origine de la deuxième mouture de Cyberpunk en français (qui n’était qu’un replâtrage de façade), Oriflam, la maison d’édition qui prend son temps mais qui survit à tout, a décidé cette fois-ci de reprendre les choses en main, et va incessamment sous peu vous proposer une traduction-adaptation qui devrait sortir des sentiers battus – ou des autoroutes ravagées devrais-je dire. Histoire de nous faire patienter nous avons déjà un teaser : le Flashpack qui contient aussi l’écran et nous permet de nous faire une assez bonne idée de ce qui nous attend. Et autant vous le dire tout de suite, désormais on trouve de tout au rayon Cyberpunk. Voici le pitch :

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    Le monde n’est plus celui que nous avons connu. La dernière guerre corporatiste a été la pire que la Civilisation humaine ait eu à supporter. Finissant par un conflit nucléaire entre les grandes méga-corporations des années 2020. Pour couronner cette apocalypse, le monde virtuel du Net a lui aussi été définitivement endommagé par le datakrash, une crise majeure provoquée par un virus qui altéra simultanément et aléatoirement toutes les données sur le réseau. Toutes les connaissances numérisées de l’humanité ne sont plus fiables. La chute des grandes corporations a eu deux conséquences majeures : les Etats ont repris les commandes pour empêcher les grandes compagnies de s’emparer à nouveau du pouvoir et de détruire le monde pour des raisons économiques, et l’humanité s’est divisée en nouvelles cultures alternatives, les AltCults, symbolisant les nouveaux modes de vies et les utilisations des technologies issues de la fin des méga-corpos. Maintenant, le métal n’est plus meilleur que la viande. La nanotechnologie et la génétique permettent à la nouvelle humanité de rivaliser avec les cyborgs et les méchajocks.

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    Concrètement ce premier supplément se compose d’un écran et d’un livret noir et blanc format A4 de 48 pages, le tout pour 21 euros*. L’écran 4 volets format A4 portrait, est imprimé sur un papier assez épais et donc de fort bonne tenue, avec côté pile une illustration de Mikaël Bourgouin que les petits malins auront pu découvrir en avant-première sur le site de Jee alias Jérôme Huguenin ( http://jee.over-blog.com/15-categorie-657869.html ) et en bas à gauche, signé du même Jee, le nouveau logo du jeu dans des tons gris-bleu, orange et chrome, qui le fait vraiment bien ! Et côté face tout ce qu’il faut comme tables de référence pour jouer subtilement, c’est-à-dire plus de trois pages consacrées aux armes, aux protections et à la baston en général, et une petite page de look et de contacts. La règle du 80/20 du joueur de JdR fin et racé (mais pas rasé) dans toute sa splendeur. Les gros flingues ça me parle, mais en revanche je n’avais pas bien compris l’illustration quand je l’avais découverte. Je m’étais dit « chouette une grosse baston au shot-gun à bout portant - quoi de plus normal pour du Cyberpunk, mais qu’est-ce que c’est que tous ces espèces d’hommes-grenouilles qu’ont des têtes de petits gris et des couteaux de cuisine ou des tridents, c’est n’importe quoi ?! »

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    Rencontre du 20ème archétype<o:p></o:p>

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    Et effectivement, à la lecture du Flashpack, on découvre que c’est n’importe quoi. Après la petite page qui va bien sur qu’est-ce que c’est le JdR chumba’ et la petite page sur comment tu tires ton perso, suivent 20 archétypes qui vont du très classique Cyberpunk au franchement Polaris ou Bitume en passant par le complètement n’importe quoi.<o:p></o:p>

    Solo, Techie**, Panzerboy, ça on connaît, c’est du classique. Idole, du pur W. Gibson deuxième époque, très bien ça, bravo les petits gars, vous connaissez vos classiques. Biker depuis Akira pourquoi pas ? Ninja-ronin, poussez-vous, y’en aura pas pour tout le monde ! Méca assassin je réprouve mais je sais que c’est une classe de niche, il y a toujours un joueur pour aimer ça, c’est un truc pour les fourbes et les crabis. Dresseur c’est encore limite, si on connaît John Difool et qu’on est fan de Moëbius. Guerrier des cités à l’extrême limite si on admet qu’on a basculé dans le post-apocalyptique (si j’avais voulu jouer du post-apo il y a déjà Bitume pour ça…) bien qu’à mon avis ça soit beaucoup plus un métier de PNJ mais bon… Eclaireur et Pirate c’est Bitume Mad-Max itou pour moi. Mais après franchement : Tueur de bêtes (Daniel Boon, Davy Crocket ?), Homme-Baleine (Carlos ?) Changeur ou Chasseur (des genres d’hommes-tritons) ou plongeur de combat (plutôt des hommes-grenouilles ceux-là), c’est du Polaris-le retour. Protecteur ensuite, traduisez Robocop ou Terminator, amis poètes bonjour ! Et la palme de l’archétype le plus ridicule revient – haut la main et bien aidé par une illustration grotesque, au Cee-Metal «Transporteur» (p.22) qui est censé posséder une «forme humanoïde/véhiculaire optimisée». Rarement vu un truc aussi con. Est-ce qu’il avance en pétant dans l’eau ? Sur la page d’à-côté, son challenger du n’importe quoi, l’ «aéro-guerrier», devrait éprouver certaines difficultés à l’atterrissage, les deux pieds embouftés dans une espèce de réacteur improbable. Je ne parle même pas de la toupie qui lui pend au nez si il essaye de se le gratter , le nez. Tout cela me rappelle d’ailleurs l’histoire du houyouyouille***.<o:p></o:p>

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    Quand on arrive en ville

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    Bon, vous l’aurez compris, je suis mitigé. Du passé faisons table rase, d’accord, c’est bien pratique pour introduire toutes les nouveautés dont on a envie, mais en lisant ce supplément et surtout son slogan : « le métal n’est plus meilleur que la viande », je suis pris d’un doute : est-ce encore bien l’esprit du Cyberpunk qui souffle sur ces pages ? Et même, est-ce que ce n’est pas exactement son contraire ? Ca ressemble à un détournement de personnalité par des gens qui n’aiment pas le Cyberpunk, ou qui en tout cas ont trop aimé d’autres jeux et n’ont pas su choisir. Le jour d’après l’apocalypse, la grosse guerre totale entre corpos (depuis le temps qu’on en parlait), la fonte des glaces, la montée des eaux, le méga-tsunami, ça va bien 5 minutes mais en fin de compte ça abîme (kolossal jeu de mots). Et pour commencer, ça abîme la ville du Cyberpunk, Night-City ou toute autre Mégalopole à la Blade Runner. Or la ville c’est l’essence du Cyberpunk. Lumières néon, stores à lamelles, regardez cette bête puissante, la plus risquée des expériences humaines ; ce monstre tentaculaire et hérissé, au squelette d’acier, au manteau de béton. Quelque brillant Frankenstein pompe l’électricité et les données à travers ses artères, de sorte qu’il vacille, crépite et dégueule maintenant non-stop. De jour, ses rues témoignent d’une courageuse volonté de coexister, mais dès que le rideau de la nuit tombe, mieux vaut rentrer chez soi. Sous peine de découvrir à nos dépens notre insatiable avidité.<o:p></o:p>

    Voilà comment j’aime jouer à Cyberpunk moi : sous la flotte acide qui pisse, le nez à raz du bitume dans les vapeurs de CHOO2, avec un Moo-Moo Burger froid dans le fond de la poche et un gros flingue calé avec des paires de chaussettes dans un sac de sport sur l’épaule. On n’est pas là pour avaler de la poussière dans un Outland de mes deux, ou se tremper le cul dans un aquarium et faire joujou avec de jeunes grenouilles mutantes. Alors Mikey, Blackhand comment tu dis déjà ? Pondsmith c’est ça ? souviens-toi d’une chose, ça me fera plaisir : t’es p’être locataire de la crémerie, mais les murs nous appartiennent à nous les vrais punks. Si tu veux changer la tapisserie tu demandes, ça sera à tes frais, et si ça nous plaît pas tu finiras dans une baignoire, un vrai trip sous acide, arf arf arf. J’ai été clair Mikey ? Alors déçois pas tes fans. <o:p></o:p>

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    *: Dans le temps un écran ça coûtait 100 balles, maintenant avec le coût de la vie qui est chère et les salaires qu’augmentent moins vite que les stock-options des amis du Président et tout ça, bon ben c’est 40% de plus pour la même chose, malheur aux petits jeunes qu’ont pas de thunes, fallait naître riches les mecs, c’est moche mais c’est la vie qu’est comme ça.

    ** : « Et toi, t’es qui ? ». Oui, bon ça va, on la connaît…

    *** : Le houyouyouille est un petit volatile sympathique mais avec des coucougnettes énormes. Il doit son nom au fait qu’après chaque rebond lors de ses rares atterrissages, on l’entend faire « houyouyouille, houyouyouille, houyouyouille ! ».

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