• L'âge d'or de Casus Belli ?

    cb1.jpg Y avait longtemps qu'on n'avait pas parlé de Casus Belli, pas vrai ? Et bah, aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Monsieur Casus Belli, j'ai nommé ainsi l'lillustre et éternel Didier Guiserix.

    Alors d'abord : bon anniversaire, Didier !

    Pour ceux qui sont vraiment très jeunes et qui ont commencé directement la lecture par Facebook et Twitter, rappelons que Casus Belli a été pendant des années LE magazine de référence de tous les rôlistes. Et il avait donc pour boss le mythique Didier Guiserix.

    Ce même irréductible gaulois a récemment refait parler de lui en livrant à un de ses anciens collègues, Grégory Molle, une interview fleuve sur son parcours et, surtout, sur les années Casus Belli. Cela peut encore se récupérer librement en PDF ici : http://www.scenariotheque.org/Fichiers/nouvelles/6379_Entretiens_DGx_Scentek.pdf

    Durant ce très intéressant entretien, Didier qui est alors sur le mode de la confidence nostalgique (l'entretien est oral, assez informel et restitué tel quel par Grégory Molle) làche l'expression qui fâche : "l'âge d'or" (page 62 et s. : "après l'âge d'or"). Celui qui est venu mais qui n'est plus là et qui, sans doute, ne reviendra pas de si tôt.

    Le débat de savoir si le milieu du jeu de rôles francophone a déjà connu un "âge d'or", le connaît aujourd'hui ou le connaîtra (après-)demain enflamme régulièrement les tablées de rôlistes ou, plus fréquemment, les forums où se retrouvent tous ces jeunes gens désoeuvrés (moi itou). J'ai donc déjà eu l'occasion de m'exprimer numériquement sur le sujet mais je remets ma position (officielle donc, et que je partage doctement avec moi-même) :

    Pour moi, le jeu de rôles francophone connaît deux "âges d'or". Il y a eu un "âge d'or d'avant" : moins de jeux disponibles, plus de joueurs, qui donc se retrouvent plus souvent autour des mêmes jeux, plus de ventes, plus de mags, plus de boutiques... Tout cela est constitué de faits irréfutables et plaide en effet vers cet âge d'or passé, voire lointain.

    Mais je pense en fait qu'il y a aussi un "âge d'or d'aujourd'hui" : plus de jeux différents, des jeux globalement de meilleure qualité (disons, plus aboutis), l'apport de l'informatique pour la PAO, les illus, le travail collaboratif, l'apport d'Internet en termes de communuauté, de diffusion PDF...

    Match nul. La balle au centre. Et en avant pour l'"âge d'or de demain" !

    Mais ce n'est pas cela que voulait nous dire le bon Didier dans son interview. Bien qu'il est évident que les deux sujets ne soient pas déconnectés, il ne nous parlait que de l'âge d'or du magazine lui-même. Et là, en effet, en ce qui concerne ce bon vieux Old Casus, c'est sûr qu'il y a eu un âge d'or rapport au fait qu'aujourd'hui, celui-ci est bien fini : plus de Casus en kiosque depuis belle lurette et plus beaucoup de mag' de jeux de rôles tout court non plus. Une situation qui , objectivement, ne prête guère à l'optimisme et qui, de fait, devrait logiquement encore se dégrader dans les mois à venir.

    Le seul débat possible sur le sujet est alors : mais quand situer cet âge d'or de Casus Belli ? Didier Guiserix, lui, et il est pour le moins bien placé pour avoir son avis sur la question, le situe dans les années 1980. Je cite :
    "Après toute une phase de progression, jusqu’à 1990, à peu près, il y a ensuite une période de régression, d’érosion… Bon, ça commence avant 1990, mais avant 1990 elle est minime, et à partir de 1990 on commence à la sentir vraiment".


    Et ça, ça m'a pas mal étonné. J'ai lu CB en continu depuis le début des numéros 40 et j'ai, après coup, complété ma collection avec les numéros 30 (avant, c'est peu trouvable et le contexte ludique me parle peu). Et objectivement, je ne partage pas le constat de Didier qui, sans doute, parle surtout d'un âge d'or en termes d'ambiance au boulot plus que de contenu rédactionnel car les numéros 30 à 50 (grosso modo donc la deuxième moitié des années 80) ne me semblent pas être les meilleurs Casus que j'ai lus.

    Pour déterminer à mon tour mon propre âge d'or subjectif de Casus, j'ai procédé comme suit. D'abord, j'ai listé tout ce que j'aimais le plus dans mes lectures de Casus. Puis j'ai cherché dans ma collection durant quelle époque de Casus on retrouvait tout cela. Et voilou.

    D'abord, donc, ma liste des perles casusiennes :
    - des Nouvelles du front (annonces de sorties) bien développées et émaillées de petites blagounettes (derrière lesquelles il me sembla avoir identifié la plume de Tristan Lhomme mais ça c'est une autre histoire...)
    - des Epreuves du feu canoniques : chronique détaillée du nouveau (avec reproduction de la fiche de perso) + aide de jeu + scénario d'introduction
    - des scénarios nombreux et surtout distribués entre court et moyen ou long métrage au sein du cahier central
    - une victoire par KO de la section jeu de rôles sur ses concurrentes wargames et autres
    - la sainte trinité des pages d'Inspis : BD, romans et, surtout, Universalis (Saint Tristan que ton nom soit mille fois sanctifié ^^)

    Vérifications faites dans mon plein rayonnage de boîte d'archives consacrées aux Casus (Old et v2 réunis), cela nous situe en fait, à ma propre surprise, aux alentours du numéro 80. Plus ou moins, quoi. Et ouais.

    Et vous, c'était quand votre âge d'or de Casus Belli ?

     

    bobanniversaireguiserix2010.jpg


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  • Commentaires

    1
    Jeudi 6 Mai 2010 à 09:26

    Casus Belli.

    On peut dire que c'est grace à lui que le JDR m'a tant plu. Une veritable encyclopédie sur les JDR. le Grog avant le Grog et e mieux.

    J'ai commencé le JDR en 89 et ai commencé à acheter les casus en 90. je l'ai fait jusqu'à la fin.

    j'ai bien aimé la transformation "Mag Rouge / Mag jaune". J'ai pas du tout aimé la "dernière version" qui me faisait penser à un magasine de mode mais sur le JDR.

    Pour moi, l'Age d'or c'était "Mag rouge / Mag Jaune" sans conteste. avec la réédition de Simulacres, L'éditions de BaSic, les HS spécial scénarios ou mondes med fan.

    Jamais aucun magazine n'a fait plus pour le JDR au sens large.

    2
    Jeudi 6 Mai 2010 à 10:01

    86-89 : Laelith, Mega, Kroc le Bô,...

    Je n'étais pourtant pas un fanatique de CB auquel je préférais le défunt Info-Jeu Mag, certes d'une qualité inférieure mais qui avait moins de allures de poseur que son excellence. Passé 89, j'ai mis le jdr en sommeil pour quelques années et n'ai pas vécu toutes les transformations cosmétiques du vénérable magazine.

    Force est tout de même de constater qu'aucun de ses descendants ne lui arrive à la cheville (pour le peu que j'en ai lu). Ou alors est-ce une vision a posteriori et nostalgique sur un âge d'or perdu à jamais ? *soupir*

    3
    Jeudi 6 Mai 2010 à 18:17

    Bonjour,

    Moi aussi, plus ou moins fidèle, lecteur à partir du numéro 42 (j'étais plus C.O.M.), les numéros parus dans les années 80 ne constituent pas le meilleur de Casus. Au contraire, pour ma part, je préfère largement les derniers numéros (attention, je ne parle pas de la réédition des années 2000) à parti de la mise en place des scénarios en encart central et la parution régulière de HS.

    4
    Vendredi 7 Mai 2010 à 20:48

    C'est vrai que mettre la feuille de perso du nouveau jdr dans le magazine, ça c'est vraiment une chouette idée.

    5
    Samedi 15 Mai 2010 à 22:55

    je me souviens très bien de ce numéro

    6
    Mardi 18 Mai 2010 à 22:57

    Alala ! Fils de rôlistes (oui les deux), première partie à 6 ans et toujours, depuis le premier numéro (y'a t-il eu un numéro 0 ? je ne me souviens plus), dans la bibliothèque, une collection grandissante de Casus.

    Encore aujourd'hui, à chaque passage dans la maison familiale, pas un séjour sans replonger le bout du nez dans les aides de jeu, les scénars et autres critiques de jeux antédiluviens (Hah "Légendes de la vallée des rois" et autres "Elfquest" !).

    Je dirais pour ma part que les premiers numéros (en noir et blanc avec des plans de donjons dedans) ont l'immense qualité de sentir bon l'acné des rédacteurs, la poilade juvénile (là forcément on m'en a seulement parlé) et les débuts d'un loisir/passion qui nous apporte tant, encore aujourd'hui.

    Et Mongol et Gota, c'était pas immense ça ? Et les crapougnats ? Hein ? Et Croc le Bô, le beau gob violoniste avec son point de vie éternel ?

    Parce que c'était aussi ça Casus... des délires d'anthologie, du rêve et de la découverte à tous les étages. Et les conseils de peinture sur figurines qu'on dévorait avec ma mère avant de massacrer nos 25 mm...

    Casus, rien que Casus... pour moi plus qu'un âge d'or, c'était mon enfance ce zine :)

     

    7
    Doud
    Mercredi 17 Septembre 2014 à 11:03

    C'est vrai que je trouve l'analyse de D. Guiserix vachement dure par rapport aux années 90 : il parle d'érosion et de déclin. Pourtant c'est au cours de cette décennie que le magazine est devenu mensuel ; que le nombre de joueur a atteint son apogée ; que les éditeurs et les publications se sont multipliés ; que certains jdr français ont eu droit à leur traduction à l'étranger (nephilim; in nomine...). On a de plus consaté une très sensible amélioration de la qualité (notamment formelle) des jdr francophones au cours de cette décennie : on est passé des publications "prozines" en noir et blanc à la couleur et au papier glaçé (Multissim a, je pense, stimulé tout le monde dans ce domaine).

    Alors oui, je sais, les années 90 c'est aussi Mireille Dumas et Magic (qui a mon sens a fait beaucoup de mal) et ça, ça craint...

    Donc mon âge d'or de Casus, et du JDR en général c'est quand j'étais môme et que je découvrai toutes ces merveilles ludiques, de 1991 à 1998.

     

    8
    [ALT+R] Fred - mon D
    Mercredi 17 Septembre 2014 à 11:03

    Ah Casus... Le numéro 32 fut le premier d'une loooOOoongue série.Hélas interrompue, fichu marché implacable qui tue ce qui ne rapporte pas assez...

    Mais pour répondre à la question, la série des CB 60 fut ma préférée de toutes, et de loin. En particulier un numéro qui évoquait CyberPunk fut celui avec lequel je me suis le plus senti en phase. En phase de quoi, je ne saurais le dire, mais il n'y avait rien là qui ne ma parlait pas.

    Cela étant, la lecture de CB a toujours été, reste et (j'espère) sera encore un régal. Qui sait, un jour je me mettrai peut-être à jouer à la série Europa ou à Dragon Quest (Cf. http://en.wikipedia.org/wiki/DragonQuest ) ?

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    9
    Blacksad
    Mercredi 17 Septembre 2014 à 11:03

    Alala de lire ces lignes j'en ai la larme à l'oeil. Quand j'ai appris la mort de gary aussi j'ai eu un pincement au coeur. Une époque qui se termine. Bon je n'ai que 27 ans mais je joue depuis la sixieme (mes 12 ans). Je revois encore le papier de pub glissé dans le science et vie. A l'époque je joue aussi aux livres dont je suis le héros. Je me rends donc en kiosque avec ma mère (et ouais...). Et là devant moi il se tient, le papier glacé, une couverture pleine de promesses sur une illustration de Mourier rappellant Tolkien. A l'intérieur un "grand écran" sur Paorn et des rubriques toutes plus riches les unes que les autres. J'ai passé une semaine à relire tous les articles et tous les scénarios encore et encore. Même si tous les termes techniques m'échappaient j'avais trouvé le graal, j'ai nommé : le numéro 92, datant de mars 96. L'âge d'or date de cette époque et des quelques années qui ont suivi, je dirais jusqu'à 2000. Les souvenirs m'assaillent, se bousculent, que de parties épiques et de fenêtres sur le rêves ouvertes grâce à ce bon Didier...

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