• Le retour du Jeudi Noir

    Le retour du Jeudi Noir n'est pas qu'un article d'une brûlante actualité. C'est aussi le 3ème et dernier article de la série "Le parfum des dames en Noir" signée David. Vous trouverez les précédents volets de la trilogie ici et là également.

    L’oppression dans les têtes


    C’est la crise ! Pas encore la crise conjugale mais déjà la crise financière. Quel soulagement ! Enfermé dans une cage dorée à la périphérie des grands centres urbains, pris dans la camisole de force de la grande vie, on n’en pouvait plus… Gros salaires, grosses maisons, grosses bagnoles, faire tout un plat quand on marche dans la rue, quand on réserve une chambre à l’hôtel… en faire des tonnes, tout le temps, tout le temps… De quoi un homme a-t-il besoin… vraiment ? Quelques kilos de bouffe chaque jour, un abri et de la chaleur, deux mètres où s’allonger… et un boulot qui lui donnera l’impression de faire quelque chose de sa vie. C’est tout… sur le plan matériel. Et on le sait tous. Mais notre système économique nous lave le cerveau jusqu’à ce qu’on se retrouve sous une pyramide de dettes, d’hypothèques, de gadgets grotesques, de joujoux qui détournent notre attention de la bêtise absolue de cette parodie.

     

    Les vampires Psychiques


    On a été secoués, on risque de ne pas vouloir se laisser rendormir si facilement… Nicolas et Pimprenelle, le marchand de sable va devoir passer : la relance par l’investissement, le plan du Gouvernement, c’est des salades, cuisinées par un grand chef, mais ça reste des salades. Il faut reconnaître que ça a de la gueule : des expressions parfaitement innocentes sont braquées, violées, dépouillées de toute véritable signification et de toute décence, puis envoyées faire le trottoir pour assurer le contrôle de l’actualité au profit du gang au pouvoir.


    Les problèmes actuels de l’économie de marché résultent clairement de la frilosité des consommateurs et de petits épargnants craintifs qui n’ont plus le courage d’investir, mais n’ont rien à voir avec la cupidité, l’arrogance et la bêtise butée des banquiers et des spéculateurs financiers. Oh, le Gouvernement a commis des fautes, pardon, «  pris des décisions bien intentionnées qui, rétrospectivement, ont pu hélas, par certains côtés, passer pour des bourdes » comme faire cadeau aux plus privilégiés parmi les privilégiés de tout ce qui restait en caisse - mais c’était surtout arrivé, semblait-il, en voulant rectifier « les erreurs de fond généralisées » imputables au gouvernement précédent. Nul ne regrettait rien parce que nul n’était en tort ; des malheurs étaient survenus par génération spontanée dans un autre monde étrange, glacial, mathématique, et « on ne pouvait que les regretter ».

     


    Bling Bling, Bang Bang Bang !


    Sous vos applaudissements le gang de la finance criminelle est en train de faire des acrobaties pour jeter de la poudre aux yeux et le Boss est déterminé à affronter la situation – bien entendu il y aura de la casse sociale, mais on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, n’est-ce pas ? Certains vont payer le prix fort, et vous pouvez être sûrs que ce ne sera pas Lui. Seul un raz-de-marée pourrait arrêter les porte-flingues du Pouvoir dans leur atteinte forcenée au sens des mots. Le gouvernement « s’occupe des gens », et les journalistes omettent complètement de demander ce que ça veut dire exactement. Les journalistes n’annoncent plus le menu, ils font partie du menu ; le cassoulet devient le plat national : une petite saucisse et beaucoup de fayots autour. On ignore si les gens continueront à avaler ces balivernes insignifiantes, tombées de la bouche de sinistres individus dénués de discernement, d’intelligence et de tout talent au-delà de la capacité à délayer le sens des mots. S’ils continueront à voter pour des individus qui sont en train de voler à leur pays argent et espoir, en affichant les attributs de l’argent roi, en incarnant l’avidité sans règles, d’ailleurs à l’origine de la crise.

     

    Extension du domaine de la turlute


    Carla a remplacé Cécilia sur les photos officielles : les changements sont cosmétiques. On efface une bague par-ci, des bourrelets par-là, on renvoie, on promeut, on nomme, on surveille Internet. Dans ces conditions de censure et d’atteintes aux libertés, critiquer le système « S » de manière flagrante devient hors de question pour qui tient à sa vitrine en ville. Les médias ne peuvent plus dire que les gens sombrent dans la délinquance pour des raisons économiques. Les incivilités ne sont pas des produits dérivés du carcan de la société, vous devez admettre que vous en héritez de votre mère ! Plus question de faire des enquêtes pour exposer les revers de la société ultralibérale à la mode présidentielle, plus de reportages sur les grèves, plus de téléfilms où les banquiers sont méchants. Idéalisons le code de conduite de la jungle et faisant- on un mode de vie qui condamne chacun à l’individualisme des origines, à errer seul comme une bête dans la jungle. Mais une jungle avec des Lois, sans cesse plus nombreuses : on a fait non pas de la Justice mais de la judiciarisassion un objet direct du pouvoir d'Etat : jamais elle n'a conduit tant de gens en prison, jamais elle n'a tant servi comme grille de lecture du monde et de nous-mêmes, jamais elle n'a autant été investie comme lieu où se jouent les rapports de pouvoir...


    Lorsque l'imagination et la créativité d'une société ne se manifestent pas outre mesure dans le domaine des arts ou des sciences, construire des nouvelles infractions pénales devient une forme d’autojustification pour un pouvoir névrosé qui croit nous éloigner ainsi des tristes réalités quotidiennes.


    Mais rien n’efface le Noir.

    « Que lisent les transhumains aux toilettes ?Fragments d'inspi en hologramme »

  • Commentaires

    1
    Seb
    Mercredi 17 Septembre 2014 à 11:09

    Marrant ce billet, je suis passé rapidement et ça m'a fait penser à la Soirée Jeudi Noir du club de Fontenay sous Bois (Maison pour Tous), une soirée pour "célébrer" la crise de 29, c'éatit en 2009 et même si tous les jeux proposés n'étaient pas noirs, l'ambiance était assez sombre.

     

    Vos projets ont l'air très bien, bonne continuation!

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :