• Ce "Modern Style" n'est finalement pas tellement moderne. D'une certaine manière, on peut dire en effet que son acte de naissance se situe en 1896. Et cela pour une raison bien simple : cette année-là, le décret qui réglementait avec une sévérité extrême l'ensemble des constructions fut solennellement abrogé. Comme il avait dans le passé et pendant bien longtemps imposé à la capitale un académisme un peu solennel et, disons-le, assez ennuyeux, il y eut alors comme une réaction explosive !

     

    Paris, Ombart_nouveau3_1.gifres et Lumière

    Architectes, peintres, décorateurs, entrepreneurs d'immeubles, menuisiers, maçons, planteurs de clous et colleurs en papier peint, tout le monde fut pris soudain d'une fantaisie plus ou moins délirante, se laissant aller à la réalisation de ses rêves les plus fous guidés sur le terrain par une imagination sans bornes. Et le "Modern Style", peu à peu, naquit de cette folie collective et tout à fait aimable ! Les façades des maisons se couvrirent de céramiques, de dames revêtues de lianes plus ou moins grimpantes, de mille choses extravagantes toutes plus délicieuses les unes que les autres mais dont la présence ne semblait pas se justifier outre-mesure. En d'autres termes, c'était beau parce que c'était inutile !

     

    L'année folle  art-nouveau.jpg

    D'ailleurs, quelle drôle d'année que celle de 1896 ! Entre autres choses et événements, ce fut celle où l'on posa la première pierre de l'incroyable, maniéré, superbe, doré, contourné, rutilant et magnifique pont Alexandre III aux candélabres qui ressemblent à des phares pour nautoniers descendant ou remontant le "fleuve de Seyne". Cela se passait très exactement le 7 octobre 1896. Il y avait le tsar Nicola II, la tsarine, le Président Félix Faure et douze jeunes filles rougissantes toutes vêtues de blanc arrivées en barques conduites avec intrépidité par douze officiers de Joinville. Les jeunes filles offrirent des orchidées à la tsarine, firent la révérence plongeante au Tsar et écoutèrent en extase Monsieur Paul Mounet "de la Comédie Française" déclamer d'une voix tonnante les "Stances à l'Empereur" que le poète José Maria de Heredia venait de composer à l'encre violette et à la plume Sergent-Major.

     

    La Belle Epoque

    Quatre ans plus tard, le pont était inauguré par le Président Loubet. La Belle Epoque commençait et le modern Style prenait son vol. Quelques années plus tard, c'était la folie, la démesure, l'épidémie, la contagion sans remède : tout était devenu Modern Style ! Les maisons, les réverbères, les statues, les statuettes, les meubles, les vases géants, moyens et petits, les bijoux en toc et en vrai, le papier à lettres, les cuillères à café et les fourchettes à escargot...

     

     

    guimard-art-nouveau-metro_1198928221.jpgL'un des auteurs de ce Modern Style délicieusement envahissant était Monsieur Hector Guimard, lequel mélangeait avec un art souverain et dans des lignes immuablement courbes un décor floral et végétal. Mais le passage à la postérité de cet architecte doué, à la barbe taillée en pointe et suprêmement élégant fut dû aux stations de métro ! Ou plutôt à leurs entrées ! De ces stations, Dali a dit qu'elles semblent crier "Mange-moi !". Ce qui n'est pas très gentil car comme on appela également le Modern Style l'"art nouille", on voit que l'allusion était pour le moins cullinaire !

    Cependant, Hector Guimard avait quand même bien du talent et il reste encore beaucoup de témoignages de ses oeuvres dans la capitale. Pour les stations de métro, aucune difficulté. Vous les reconnaîtrez aisément au hasard de vos promenades.

     

    88115.jpg

    Promenade Modern Style

    Un autre chef-d'oeuvre (dans le genre !) d'Hector Guimard est le fameux "Castel Béranger" que l'on peut toujours voir à Auteuil au 16 de la rue La Fontaine. Il est couvert de céramiques où s'enlacent, dans la folie, des plantes plus ou moins vénéneuses, et il y a également des ferroneries pour le moins singulières.

     

    Le Modern Style, ça ne se discute pas : on aime ou on n'aime pas ! Mais si c'est la passion qui l'emporte, alors attention, on n'a plus qu'à courir les antiquaires, les brocanteurs et les Puces pour assouvir sa passion et vider son compte en banque. Ou alors, on peut résoudre le problème en s'engageant au Métropolitain de Paris comme balayeur dans un station Guimard, au risque de ne jamais voir le bout du tunnel...

     

     

    Art-20Nouveau-20doorway--20Paris.jpg

    Mais vous êtes fou ? Oh oui !

    Le délirant auteur du Castel Béranger eut un rival de qualité en la personne du lyonnais Jules Lavirotte (un nom déjà très Modern Style en lui-même !). Si vous passez avenue de Wagram, vous pourrez voir un "plat" de sa composition en considérant la façade du "Ceramic Hôtel".

    Cependant, le chef-d'oeuvre de Jules Lavirotte est incontestablement l'immeuble du 22 de l'avenue Rapp. au-dessus de la porte, il y a un très joli buste de femme, inspiré dit-on par une très belle et fort dramatique histoire. Un matin, on découvrit au bord de la Seine, une jeune femme morte. Elle était si belle que les membres d'un club philanthropique, le Club Pythagore, décidèrent de faire un moulage de son visage. Et la Dame qui attend au-dessus de la porte du 22 avenue Rapp a quelque chose de rêveur, de poétique et de mystérieux qui fait penser à cette "Inconnue de la Seine" miraculeusement ressuscitée par le Modern Style.

    Si vous allez au jardin du Luxembourg, ne manquez pas de jeter un coup d'oeil amusé sur une "Colonne pour une maison du peuple", laquelle est située près du verger car, elle aussi, est marquée avec son "chapiteau des baisers" du délire de la Belle Epoque.

     

    24, place Félix Faure : encore un immeuble Modern Style, mais celui-là, tout à fait imposant et d'une lourdeur impressionnante. Comme l'architecte se nommait Wagon, on a tendance à imaginer en voyant son chef-d'oeuvre qu'il prenait pour une locomotive...

    6, rue de Hanovre. Là c'est beaucoup plus pimpant, beaucoup plus gracieux, léger et aérien. Il y a des coquilles, des étoiles de mer, des étoiles du ciel, des vagues sans embruns, une entrée aquarium et des camélias qui, contrairement à la "Dame", ne se fanent jamais !

     

      ModernStyle.jpg

     


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  • C'est Noël !

     

    Ah ? Vous saviez déjà ?

     

    Bon, tant pis, ce n'est pas une raison pour ne pas fêter ça avec de beaux cadeaux. Enfin, pour dire tout à fait le vrai, c'est plutôt Lulu, le prestataire d'impression à la demande, qui nous fait un cadeau mais c'est à Mondes en Chantier qu'il revient de vous en faire profiter à tous. Alors, merci qui ?

     

    Donc. Comme vous le savez sans doute déjà (z'avez intérêt même !), nous utilisons le service d'impression à la demande de Lulu pour vous proposer les fichiers composant le jeu Terra Incognita, en version papier et à prix coûtant. En témoignent ces photos et cet article du site Aux Pays de Nulle Part, nous sommes d'ailleurs très satisfaits des prestations de qualité offertes par le site.

     

    http://www.paysdenullepart.fr/wp-content/uploads/2010/09/gr-lulu-back.jpg

    Or, il se trouve que Lulu a récemment changé quelque chose dans sa chaîne de production qui lui permet de réduire ses frais. Et donc ses prix. Et comme nous nous faisons zéro bénéfice sur les produits que nous vous proposons, les prix des versions papiers des livres de Terra Incognita baissent. Et pas qu'un peu ! Cadeaux de Noël qu'on vous dit.

     

    Le plus appréciable, c'est sur le Grand Registre, la version complète du livre de base de Terra Incognita. Au lieu de 49 euros (pas énormissime pour un livre de jdr mais quand même dissuasif...), le livre de base est donc désormais disponible à... 35 euros ! De tête comme ça, on doit être sur du - 30 % environ, non ?

     

    Et là, franchement, c'est pas pour nous la péter mais un jeu de rôles (d'une qualité excepitonnelle, il va sans dire ;-!) de 260 pages, tout couleurs, papier glacé (enfin, une sorte de papier glacé que je sais pas coment il s'appelle exactement...), tout ça pour 35 euros et bah moi je vous le dis : ça le fait ! Grave même !

     

    http://www.paysdenullepart.fr/wp-content/uploads/2010/09/gr-lulu-int1-590x442.jpg

    Le reste de la gamme est plus ou moins à l'avenant : le Grand Prélude passe de 24,90 à seulement 16,50 euros. Pour des raisons mystérieuses, la baisse est moins sensible sur les plus petits livrets, donc les scénarios. L'isle aux Marmousets est à 13,50 euros et Monsieur de Quatre Pattes (plus gros) à 17 euros. Un sinistre voyage est toujours disponible en PDF seulement, faute de version corrigée...

     

    Bon bah quoi ? Vous êtes toujours là ? Faîtes plutôt chauffer la carte bleue et rendez-vous sur notre boutique Lulu ici : http://stores.lulu.com/store.php?fStoreID=2291791

     

    Et comme c'est décidément la fête, attendez-vous à une autre annonce-cadeau (sans rapport avec TI cette fois-ci...) dans les prochains jours.

     

    Allez, encore une fois Bonnes Fêtes à tous !


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  • Joyeux Halloween... euh, non, Joyeux Noël à toutes et à tous ! Les MeCs espèrent que Tad Kozh ar Pellgent (le Père Noël par chez nous) n'aura pas oublié de déposer tout plein de jeux de rôles, de jeux de plateau, de dés polyédriques et colorés, de figurines, de pots de peinture, d'abonnement à Casus Belli, à Di6dent et autres joyeusetées ludiques dans vos pitis chaussons (on ne manquera pas de vous parlr des nôtres ^^). Et rendez-vous demain sur ce même blog pour un cadeau Made in Les Mondes en Chantier !

     

    Bobnoel2010.jpg

     


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  • Enthousiasmée par la sortie récente du jeu de rôles de la Brigade Chimérique, l'équipe des intrépides reporters des Mondes des Mondes en Chantier a voulu mener l'enquête sur un mystérieux superscientifique, créateur d'un groupe concurrent mais tout aussi prodigieux : la Compagnie Utopique ! Après l'"Homme Noir" et "La vindicte populaire", voici "Voronoff a les glandes !".

     

    Trente millions d'amis 

    Je vais me montrer  dit Voronoff... et il tient parole ! Quelques semainUncleSerge-008.JPGes après, il s'installe à l'Institut Marey, aux portes de Paris, pour y recevoir photographes et journalistes, venus du monde entier. Ils l'écoutent et le photographient avec son vieux bouc et son vieux bélier auxquels il a redonné la jeunesse. Les chroniqueurs médicaux évoquent bientôt les travaux de Brown-Séquard et de Steinach, puis mentionnent les expériences de Sand qui a réussi à rajeunir son chien de chasse Treff, en lui greffant les glandes d'un jeune chien ; celles de Schmidd en 1911 ; celles de Chamsy sur les batraciens ; de Rorein sur les rats ; de Kustia sur les chats vieillissant ; de Reiss sur les reptiles ; de Kolb sur les chèvres...

    Bientôt, on photographie un télégramme qu'Alexis Carrel a envoyé de New York à son ancien assistant, car il poursuit ses recherches à l'Institut Rockfeller.

    "C'est très bien. Continuez. Vous êtes dans la bonne voie. Ne vous laissez pas décourager. Vous avez toute ma confiance."

    Voronoff a alors 36 ans. A chaque visiteur, il apporte des précisions qui sont vite divulguées. Il poursuit dans sa ligne :

      vorobr.jpg

    -" L'intérêt soulevé par ma communication... interrompue, au Congrès de Chirurgie, me fait un devoir de préciser ma pensée. Il ne faut pas que l'opinion publique soit égarée. Je crois que ces organes mystérieux que nous appelons les glandes à sécrétion interne, disséminées dans les diverses parties de notre corps, sont les rouages les plus importants de notre organisme. Remédier à leur défaut ou à l'insuffisance de leur fonction, équivaut, par la greffe d'une glande jeune et saine, à RENOUVELER LA VIE !"

    Ce qui le conduit à toujours reprendre le problème de l'approvisionnement en glandes fraiches :

     

     

    7752e42584ad1342.jpg

    "- A défaut de l'homme, nous aurons recours aux singes, mais je ne crois pas que la vraie solution soit dans les forêt d'Afrique. Car, à ce sujet, la nature humaine est prodigue : toutes nos glandes sont doublées et la privation de l'une d'entre elles n'entraîne  aucun préjudice, ni moral, ni physique. On l'a vu, grâce à des mères, qui, dans un dévouement sublime, ont déjà permis de prélever une partie de leur glande thyroïde pour la greffer à leurs enfants, atteints de crétinisme.

     

    Voronoff et la continuité de la vie

    Voronoff a déjà pratiqué lui-même plusieurs opérations. Le tout premier cobaye humain a été un adolescent arriéré mental de 14 ans ; le second un jeune homme de 20 ans n'ayant pas dépassé la taille d'1m05. Ce qu'il en est advenu ? Le premier a passé et réussi le baccalauréat la même année ; l'autre mesurait 1m70 un an plus tard.

     

    "- Les centaines de lettres que je reçois depuis que mes expériences sont connues, prouvent que toute idée humanitaire provoque d'admirables dévouements spontanés".

     

    100204025757824225374332.jpgIl envisage alors le prélèvement des glandes sur les accidentés. Après avoir expliqué que, dans toutes les grandes villes, on enregistre la mort d'êtres jeunes et robustes à la suite d'accidents, leurs glandes vivant alors encore quelques heures, il annonce qu'il serait juste que leurs organes soient prélevés pour être placés dans des glacières et utilisés au fur et à mesure des besoins.

     

    "- Je pense qu'il conviendrait de créer, dans chaque ville, un hôpital spécial, sur le modèle de mon laboratoire, où on réunirait les malades auxquels la greffe d'un organe peut assurer la continuité de la vie, voire la conservation d'une fonction ou d'une faculté importante. Malheureusement, on ne peut pas grand chose contre les préjugés et, en attendant que des circonstances plus favorables à mes idées les abolissent, il faut continuer à appliquer les méthodes de greffes dans les limites possibles actuellement..."

     

     

    "- Alors, Docteur Voronoff ? lui demande-t-on."

     

    "- Alors mes amis, pour le moment, contentons nous de singes..."

     

    De fait, on s'en contente un temps, tandis que les préjugés s'estompent et demeurent à la fois, comme toujours...

     

    Vous lirez prochainement la suite : "Une armée de singes" sur le blog des Mondes en Chantier. 

     


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  • Fragments de Di6dent en hologramme

    Pour vous faire patienter jusqu'à ce qu'il soit disponible, le blog des Mondes en Chantier (qui n'est pas propriétaire du titre  ) vous livre en pâture le sommaire du n°1 du magazine Di6dent dans lequel les MeC se sont investis comme de coutume avec passion et enthousiasme. Vous y retrouverez les rubriques qui vous ont plu dans le numéro "zéro" et quelques nouveautés qui - nous l'espérons - saurons vous satisfaire, ainsi que de nombreux scénario dont beaucoup officiels !

     

    visueldi6dent1.jpg

     

    Sommaire :

     

    6d6
    le match : Warhammer vs. Te Deum pour un Massacre
    à table
    ...critix le comic-strip qui pique
    y'a pas que le jdr dans la vie : Yno
    retro : 1991, 20 ans après
    WIP : Johan Scipion, le playtest dans le sang
    rôle over the world : la Suisse, l’autre pays (francophone) du jdr
    à froid : WarsaW (chronique + aide de jeu et scénario officiels)
    JDRA : Terra Incognita
    sur un plateau
    de MJ à MJ : être une femme
    rolebook
    Automne Rouge (scénario officiel Les Ombres d’Esteren)
    La Forêt de Cristal (scénario officiel La Brigade Chimérique)
    Infection (campagne générique à suivre)

     Il contient aussi un Thema sur les joueuses et les meneuses, finement intitulé :


    THEMA : Où sont les Femmes ?
    panorama : girl power !
    interview d’rôles de dames
    Agrippine, Julie, Amélia et les autres... PJ féminins et jeux de rôles historiques
    inspi : Tank Girl
    inspi : Adèle Blanc-Sec
    Confusion des Genres (scénario générique)
    My Way to Hell (scénario COPS)
    [titre en attente] (scénario officiel Tenga)
    J.C. sur son rocher (scénario officiel Manga BoyZ)

    En tout, 164 pages qui seront à vous en janvier, avec des bonus téléchargeables sur notre site www.di6dent.fr D'ici là, guettez le teasing qui devrait vous donner un bon avant-goût du Thema !

     

     

    di6dentsoulierrose.jpg

     


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  • Enthousiasmée par la sortie récente du jeu de rôles de la Brigade Chimérique, l'équipe des intrépides reporters des Mondes des Mondes en Chantier a voulu mener l'enquête sur un mystérieux superscientifique, créateur d'un groupe concurrent mais tout aussi prodigieux : la Compagnie Utopique ! Après l'"Homme Noir", voici "La vindicte populaire".

     

    Retour en Francevoronof3.jpg

    Voronoff regagne la France pour s'installer à Bordeaux. S'il n'a pas participé au conflit de 1914-1918, il s'intéresse aux grands blessés, en guérit, en "répare" par dizaines à l'aide de greffes osseuses et même artérielles. On le voit même s'intéresser efficacement aux "gueules cassées" pour qui il perfectionne un procédé nouveau de greffes de la peau. Quelques retentissantes réussites attirent la direction du laboratoire de physiologie au Collège de France, qu'il accepte tout en créant son laboratoire personnel, à Nice. C'est là qu'il va, secrètement, poursuivre ses propres recherches sur le prolongement de la vie humaine.

     

    voronof.jpgMais là, le voisinage est sans aménité. Ses voisins, qui surnomment Voronoff "l'Homme Noir", signent de nombreuses pétitions. Pourtant, leurs plaintes n'ont pas de suites, et ils doivent se contenter de jeter de l'eau bénite sur le pas des portes, après le passage de ce monsieur Voronoff qui les intrigue plus qu'il ne leur inspire de véritable haine...

    En 1922, Voronoff fait sa première communication officielle au Congrès des Chirurgiens, en relatant ses observations et ses expériences récentes :

    - J'ai greffé à de vieux boucs et béliers fatigués des glandes d'animaux vigoureux. Ils ont retrouvé une étonnante jeunesse.

    Parmi l'assistance, le professeur Reinette, chirurgien marseillais qui n'aime pas qu'on se fiche de sa pomme, l'interrompt pour lui demander si ces expériences peuvent être appliquées à l'homme.

    - Sans aucun doute, répond Voronoff. Il sera facile de greffer à l'homme la glande d'un... chimpanzé, puisque la sécrétion interne des glandes est la même chez l'homme que chez les animaux... Bien sûr, il vaudrait mieux utiliser des glandes humaines, ne serait-ce que pour éviter quelques petites, euh, anicroches.

    Un murmure d'horreur s'élève. Quoi ? Des prélèvements humains ? On regarde avec autant d'intérêt que d'effroi ce personnage de la taille d'un tambour-major, qui vient de parler ainsi.

    Voronoff n'en poursuit pas moins, une étincelle dans les yeux :

    - Malheureusement, passé douze heures, il est impossible d'obtenir des glandes humaines encore "en vie". Pour la greffe que je suggère, force est donc de se rabattre sur des animaux dont les tissus peuvent vivre et se greffer sur le corps humain. Or, le sang des grands singes est identique à celui de l'homme et une glande, empruntée chez eux, pourra parfaitement accomplir sa fonction dans le corps humain.

     70576_main.jpg

    Un célèbre chirurgien parisien, le professeur Hartmann, s'exclame :

    - Monsieur, nous n'en écouterons pas plus... Vous déshonorez la médecine ! D'ailleurs vous avez cru bon de communiquer vos élucubrations à la presse avant nous, c'est tout dire !

    Et Hartmann brandit devant Voronoff, interloqué, un journal parisien, l'Echo de l'Univers, où on voit en bonne place l'interview où l'"Homme Noir" explique ce qu'il vient de révéler aux congresistes.

    - Ma parole, vous êtes jaloux, dit Voronoff.

    - Vous n'êtes qu'un assoiffé de gloire et d'argent. Quittez cette tribune... tonitrue Hartmann.

    Naturellement, l'explosion de colère du professeur Hartmann attire l'attention du grand public sur Voronoff et, dès le lendemain, la presse s'empare de l'affaire. Le nom du savant est bientôt sur toutes les lèvres. Mais ce n'est qu'un début.

    - Puisque l'on m'accuse de chercher la publicité, et bien, je vais parler. On veut me cacher ? Je vais me montrer, dit Voronoff !

     

     

     

    Vous lirez prochainement la suite " Voronoff a les glandes", sur le blog des Mondes en Chantier.


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  • Enthousiasmée par la sortie récente du jeu de rôles de la Brigade Chimérique, l'équipe des intrépides reporters des Mondes des Mondes en Chantier a voulu mener l'enquête sur un mystérieux superscientifique, créateur d'un groupe concurrent mais tout aussi prodigieux : la Compagnie Utopique ! 

     

     

    L'Homme Noir

    La première guerre mondiale est terminée. Les blessures qu'elle a infligées, il faut bien qu'elles se cicatrisent. Alors que l'Europe et la France notamment vivent ce que l'on a appelé les "années folles" d'après 1918, un médecin d'origine russe, ayant assimilé les travaux de Brown-Séquard et de son premier disciple, Steinach, dans le domaine alors naissant des découvertes de l'endocrinologie, va entrer dans la course des bonds en avant. C'est Serge Voronoff.

     

    Medecin du Khedive d'Egypte. 51r1812GM8L__SL500_AA300_.jpg

    On ignore presque tout de ses origines. Il n'est pas sûr, comme certains l'ont dit, qu'il soit né dans les environs de Moscou en 1886. On a même dit, mais là encore ce n'est pas prouvé, que Voronoff était même un nom d'emprunt.

    Certains de ses amis russes ont cependant affirmé avoir vu dans son appartement le portrait d'un homme barbu, de belle prestance. "C'est mon père, leur dit-il. il a eu trois fils".

    Quelle que soient ses origines, il reste que Voronoff est venu très tôt en France. Il est naturalisé à Paris en 1897, à l'âge de onze ans. Et c'est également à Paris qu'il fait ses études et obtient ses diplômes de médecin.

    A vingt-six ans, en 1912, on le trouve parmi les assistants fidèles d'Alexis Carrel. Ce dernier, qui naquit en 1873 et devait mourir en 1944, est déjà en pleine gloire puisqu'il vient d'obtenir le prix Nobel pour ses travaux sur les greffes de tissus et extraits embryonnaires.

     

    pic.jpgAux côtés de Carrel, Voronoff assiste à une sensationnelle transfusion sanguine pour le rajeunissement d'un vieux chien, presque totalement paralysé.

    De fait, cette extraordinaire tentative, surtout pour l'époque, ne consiste pas à infuser du sang neuf à l'animal, mais à lui réinjecter du sang "nettoyé" consciencieusement. Et Voronoff voit Carrel isoler les globules rouges du sérum sanguin, s'activer à le "rapproprier".

    Puis le sérum est totalement remplacé par un égal volume de solution de Ringer.

    Bien que le chien devait retrouver une nouvelle vie et une vigueur étonnante, l'expérience ne devait pas être probante, et Carrel dut le reconnaitre lui-même, car l'effet de cette cure de jouvence fut peu durable. Le sang nettoyé ne devait pas se comporter comme du sang jeune. Il aurait donc fallu recommencer l'expérience périodiquement.

    Mais Voronoff a enregistré et de nombreuses autres tentatives de Carrel devaient l'influencer. Il se documente, recherche les travaux et les communications de Brown-Séquard, puis ceux de Steinach. Peut-être porte-t-il déjà en lui les signes de son génie naissant.

    Mais il est pauvre et, afin de lui venir en aide, Carrel le fait admettre comme médecin à la cour du Khédive d'Egypte. Il devait occuper ce poste huit ans et rester non seulement le médecin du vice-roi mais aussi celui de toute la cour et de ses quarante-trois eunuques. Voronoff remarque vite que ceux-ci meurent jeunes et explique au Khédive qu'il voudrait se livrer à des expériences qui le préoccupent déjà mais qui ne sont pas accessibles à toutes les bourses. N'étant plus de la première jeunesse, le souverain voit l'intérêt qu'il pourrait en tirer personnellement et applaudit :

    -Combien veux-tu d'eunuques ? lui demande-t-il.

    - Majesté, je pense que pour commencer, des béliers me suffiront.

    Basculant progressivement dans la folie scientifique, Voronoff devait regretter plus tard, secrètement, d'avoir refusé les cobayes humains, mais c'est pourtant par des béliers qu'il parvient à ses premières conceptions de la thérapie glandulaire. Puis le souverain meurt et les choses en restent là, insuffisamment avancées.

     

    A suivre dans : L'Homme Noir et la vindicte publique !


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  • Vous connaissez Heuhh, n'est-ce pas ? Si vous suivez régulièrement ce blog, vous ne pouvez pas l'ignorer : nous avions très tôt distingué son excellent blog (un peu délaissé désormais il faut bien le dire au regard des innombrables activités du Monsieur...) comme un de nos meilleurs confrères et puis, bien sûr, Ludo est aussi, à nos côtés, un des 6 de la force de frappe de Di6dent. Bref, un ami de la maison (warning ! objectivity alert !).

     

    Or, voilà-t-il pas que le jeune homme s'est mis en tête d'être au coeur des synergies du monde du jeu de simulation. La pieuvre toulousaine, après avoir mis un tentacule sur le web, un autre sur la presse écrite, avance un troisième tentacule dans le monde de l'édition. Mais enfin, Ludo, si tu mets tes tentacules partout, comment veux-tu que... hum, enfin bref.

     

    Mais attention messieurs-dames ! Quand je dis édition, ce n'est pas 20 photocopies et deux agrafes autour d'un jdra moisi. Chez la Boîte à Heuhh, on fait dans l'indie, le narrativisme et le storygame. Rien que ça ! 

     

    Trêve de plaisanterie, c'est une excellente idée que l'ami Ludo a eu là. Sa petite maison d'édition est donc positionnée sur les jeux de rôles expérimentaux souvent quelque part sur le chemin  tortueux séparant les jeux narrativistes ou storygames (centrés sur l'intrigue et non sur les personnages comme les roleplaying games) et les jeux de plateau ou de cartes ou d'autres trucs encore. Bref, de l'hybride. Et donc du très, très intéressant à mes yeux. Ces jeux là sont en général très en anglais (voire pire...) et distribués dans une boutique parisienne et demi. Et donc, grâce à Ludo, on va en avoir tout plein en français et distribués directement dans notre boîte aux lettres. Cool !

     

    Ca commence avec Sweet Agatha, le 1er jeu traduit et édité par la BàH.

     

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    Je serais bien en peine de vous en livrer une chronique car si je l'ai bien reçu dans ma petite boîte aux lettres, je n'ai pas encore trouvé l'occasion d'y jouer et ce n'est pas un format qui se prête à la lecture donc... Il s'agit d'un jeu d'enquête qui se joue normalement à deux. Sur la base de la lecture du livret de jeu qui contient un journal intime et des photos très lynchiennes, les deux joueurs doivent collaborer pour inventer la suite de l'enquête au gré des indices découpés qu'ils choisissent d'introduire dans le récit. C'est assez curieux mais plutôt stimulant. Enfin difficile d'en dire plus sans avoir testé. Précisons aussi que c'est peut-être le jeu le plus éloigné du jdr traditionnel des productions prévues par la Boîte à Heuhh.

     

    Parce que, oui, y va avoir de la suite ! Prévendu à près de 150 exemplaires (au prix très raisonnable de 15 euros), la douce Agatha (Heuhh, proxo !) semble être un mini-sucès éditorial suffisant pour encourager la BàH à continuer de plus belle. Et là, pinaise, planquez-vous, ça va tomber comme à Gravelotte.

     

    Très vite, Ludo a prévu de sortir Dirty Secrets, un story game dans l'ambiance Noire où, là aussi, il s'agit de résoudre des enquêtes (mais à plus de participants et avec des dés : plus près du jdr classique donc). Sur le blog de la BàH, on trouve la couv' du jeu, refaite pour l'occasion par un certain Ju De Jaeger (mâtin, quel graphiste !) :

     

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    Et comme Ludo est hyper hype, il nous fournit même des vidéos explicatives montrant le matos du jeu, les mécanismes et tout. La folie. Rendez-vous vers la fin Janvier pour pouvoir mettre la main sur le jeu.

     

    Par la suite (vers Mars 2011), on aura droit à Remember Tomorrow. Et là, c'est le strike. Après le Noir, voilà le cyberpunk ou postcyber. Enfin de l'anticipation quoi. Un sans faute de goût en ce qui concerne les MeCs. Ca a l'air d'être un jdr sans MJ présenté dans un livret d'une quarantaine de pages. Je n'en sais guère plus mais c'est du cyber donc respect. La couv' originelle a l'air cool. Du coup, Ju pourrait bien se retrouver déjà au chômage. C'est moche ^^

     

    remember-to.jpg

    Allez, pour la route, y aura aussi le mini-jeu Parsely pour très bientôt mais comme je n'ai rien compris à koikecé, je n'en parle pas ;-µ. Et puis, Ludo avoue avoir 2/3 autres projets dans ses cartons alors : retournons souvent (à) la Boîte à Heuhh !

     

    Avec moi : Heuuuuuuuuuuhhhhh !


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