• Cyberpunk Reload (épisode beaucoup plein...)

    Eh dis donc, il reste 2/3 bouses qui trâinent dans cette belle collection de suppléments Cyberpunk 2020, ce serait vraiment péché que de n'en rien faire, alors hop, zou, go ahead et tout ça : la suite du Cyberpunk Reload. Pour les distraits, rappelons qu'il s'agit d'un long et minutieux passage en revue de toute la gamme du jdr Cyberpunk 2020 pour en examiner les qualités et les défauts grâce à un salvateur recul post-geek.

    Aujourd'hui, deux suppléments en VO, jamais traduits et restés par conséquent relativement confidentiels de ce côté de l'Atlantique. Qui a dit au fond : "et c'est tant mieux" ?

    Pour commencer, le retour du fils de la vengeance du Solo... Solo of Fortune 2 ! Pour les lecteurs le splus infidèles, rappelez-vous, nous vous avions déjà parlé de son grand frère qui était en fait un supp' pour Cyberpunk 2013 habilement traduit par Oriflam comme un supplément CP 2020 (bien que les règles soient en partie incompatibles...). Attention, ici, il ne s'agit pas d'une réédition augmentée comme pour Eurosource/Eurosource plus mais bel et bien d'un supp' entièrement inédit. La base des fans de CP adorant, c'est de notoriété publique, jouer des solos équipés de gros guns, cela aurait été un contre-sens économique que de ne pas céder à la tentation d'un nouveau supp' rempli de gros flingos et de bonnes raisons de s'en servir.

    Etrange objet que ce SoF2. Sans doute conçue comme un émouvant hommage à son grand frère, la couverture marque le retour en grâce de la photo pourrave en couverture. Un gus en brosse affublé de lunettes de soleil et d'un pistolet en plastique et hop, une couv'. On n'oublie pas d'ajouter un logo peu inspiré et très orange et on a même une des plus moches de la gamme. Un exploit qui n'avait pourtant rien d'évident tant la concurrence est forte... A l'intérieur, par contre, on note avec plaisir le retour des illustrateurs de matos (armes et véhicules) qui officiaient déjà dans des suppléments comme les Corpo Books. Parmi les meilleures de la gamme. Voilà, tout est dit : ce supplément réussit à être une sorte de résumé du Cyberpunk Reload ; on y trouve le pire et le meilleur. Ou en tout cas, le moins pire.

    Ainsi, la forme du texte reprend-elle celle d'un pastiche de magazine pour mercenaires. Cela aide à faire passer le bordel lié à ce type de supplément fourre-tout. En même temps, pour l'effet de surprise, on repassera.

    Au niveau du contenu, on trouve par exemple un article sur les caractéristiques de la guerre en 2020. C'est une bonne idée. En même temps, l'article est si général qu'on n'apprend presque rien. Sauf que c'est un bon prétexte pour nous présenter un AV de combat et 2/3 autres babioles. Des théâtres d'opération (Amérique latine, URSS néo-sov...) sont également présentés et permettent d'en apprendre un tout petit peu plus sur le background géopolitique du jeu, ce qui n'est pas mal. En même temps, le passage sur l'URSS est surtout l'occasion d'une longue série de fiches présentant des blindés lourds et des hélicoptères de combat avec caracs et tout. Ce qui laisse songeur sur les intentions des auteurs : ils pensent vraiment que les joueurs vont s'en servir ?

    Au niveau règles et matos décrits, c'est un peu le même topo : le pire et le meilleur. Les règles de customisation des armes, sur le recul ou sur l'utilisation des arcs sont sympas et le chapitre sur les animaux modifiés utilisés en opérations militaires est un vrai sujet pour un jeu d'anticipation (tout le monde sait que de vraies expériences dans ce sens ont eu et sans doute ont encore lieu). Rien à faire, j'ai quand même du mal à être convaincu par les singes ou les félins munis de lance-missiles sur le dos. Débile... Je passe sur la litanie de flingos nouveaux. Tout, absolument tout est prétexte pour nous en coller : les fausses pubs, les faux articles banc d'essai, la fausse revue des sorties du mois... tout finit en vrai catalogue de gros guns. Quant aux armures de combat, comme de coutume depuis que j'ai fait l'impasse sur le "mythique" Maximum Metal, je fais comme si elles n'avaient jamais existé.

    Au bilan, un intérêt très faible. La seule justification d'achat serait de ne pas pouvoir mettre la main sur le vol. 1 et vouloir coûte que coûte voir à quoi ressemble un de ces Solo of Fortune. Chacun ses obsessions...

    And now something completly different avec Live & Direct. A priori, ce sourcebook sur les Medias s'inscrit dans la lignée des "archétypes pour les nuls" façon Wildside pour les Fixers ou Protect & Serve pour les Cops. Mais en fait, il se rapproche, hélas, beaucoup plus du second que du premier. Y avait un indice avec l'esperluette dans le titre, faut dire...

    Souvenez-vous. On est alors en 1996. La petite industrie du jeu de rôels découvre alors, stupéfaite, qu'on peut vendre ouatemilles bouquins de jdr en délayant à l'extrême à partir d'un thème mince comme du papier à cigarettes. Mettons "jouer des vampoires dans un monde contemporain occulte", par exemple. Et Talsorian de se dire : "ouahou, faisons pareil !". Le résultat de cette fine politique éditoirale, c'est typiquement Live & Direct. J'explique.

    Alors, qu'est-ce qu'on a dans ce livret de 96 pages ? D'abord, croyez-le ou non mais on a... une superbe couverture. Plaît-il ?? Oui, oui, un supp' Cyberpunk 2020 en VO doté d'un dessin inspiré, bien dans le thème et avec presque pas trop de couleurs. Et, accrochez-vous bien... y a même pas un gros gun dessus. Ah. Hum. En fait, en regardant mieux, on se rend compte que sur les écrans de TV en fond d'image, y a un gars avec un énorme flingos. Mais ça ne compte pas vraiment ! Bon, après faut pas rêver non plus : l'intérieur est uniformément laid. Certains dessins me semblent même mériter le qualificatif de "hideux".

    Mais, bon, ça on est habitué, y a pas de mal les gars. Que dire par contre du 1er chapitre "L'histoire des médias" ? Donc, blablabla, la presse écrite, blblabla, Gazette de France, blablabla la radiophonie... bref, du pur remplissage sans aucun rapport avec le sujet. Il me semble en effet que l'on peut jouer un Media des années 2020 sans connaître l'existence de la Gazette de France au 17ème siècle. Et que si on veut se faire une culture sur le sujet, on ira sonner ailleurs que chez Talsorian.

    La suite est plus justifiée, faisant l'état des lieux des médias en 2020. Ouïlle, l'exercice casse-gueule ! On donne des dates, des chiffres, des faits précis... et 10 ans après, à la relecture, on passe pour des cons. C'est tout le problème de la (mauvaise) prospective. Et donc, en 2020, un journal en édition papier coûte 0.1 eurodollar par page (les gratuits ? Connaît pas !), on trouve des espèces de gros minitels (les fameux Dataterms qui nous semblaient délicieusement exotiques il y a 15 ans...) au coin des rues pour s'informer (les derniers fils infos sur mon Iphone ? Connaît pas !) et, bien sûr, on continue d'acheter des albums de musique sur supports physiques au disquaire du quartier (mp3, téléchragements et Deezer ? Connaît pas non plus !!). Bref, un exercice périlleux mais qui, ça n'empêche, est totalement foiré. Le pire, c'est encore que le Net n'est même pas imaginé et décrit comme un média (meuh, non, c'est un Pacman fait pour craquer les données des Mégacorpos !!) alors que, manifestement, il devient de plus en plus LE média de convergence. Seule la Braindance tire son épingle du jeu mais là il faut dire que c'est de la pure imagination et non de l'extrapolation. Plus facile.

    Pas mal de remplissage aussi avec les profils de Media spécifiques : le correspondant de guerre, le paparazzi..., l'utilisation possible des autres archétypes dans une équipe de Media (tiens, un Solo pourrait être le garde de corps, savez-vous ?)... Navrés de ne pouvoir forunir de nouveaux guns dans ce supplément, les auteurs se rattrapent un peu avec deux AV puis quelques règles (3 pages) pour évaluer la qualité d'une interview ou mesurer le temps nécessaire pour rédiger un article. Je ne dis pas que ça n'a pas sa place ici mais là, on n'arrive comme à des règles pointues de chez pointues...

    Alors, desfois, à la fin, on a le droit à un scénar' et là, ça tombe bien, on arrive à un chapitre intitulé "media campaigns" et... mince, encore raté... il s'agit de conseils pour mener des campagnes avec des Medias. Pas le début d'un synopsis. Rien.

    Au bilan, encore un beau ratage...

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  • Commentaires

    1
    [ALT+R] Fred
    Mercredi 17 Septembre 2014 à 11:09

    Ah comme quoi, à la lecture Live & direct ne m'avait pas paru aussi nul. Mais je n'avais pas relevé toutes les distances avec le réel. Faut dire que CP2020 les accumule tant...
    Et en même temps le jeu permet tellement de possibilités. Ça reste l'un de mes jeux préférés. Après tout, tant que les suppléments restent cohérents avec la gamme, c'est pas tout raté, non ?
    Si les suppléments commencent à contredire les règles & le background de base, ça n'aide pas le MJ.
    En tous heureux d'avoir de nouveau de vos nouvelles, les MeC !! Toujours ravis de vous lire

    [ALT+R] Fred

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