• La dégénérescence des sociétés : l'école de Crimes ?

    g_nordeau.jpg Alors comme ça on éprouve quelques difficultés à se défaire de 20 ans* de traitement au soufre et à se glisser dans l’esprit de Crimes, mmmmh ? (voir l’article : Mes projets JdR pour le début 2008). Voyons ce qu’on peut faire pour vous. Allongez-vous, ouvrez la bouche, faîtes HyhahahahaHAHAHAHAgniarkgniarkgniark, dîtes 666. Mmmmh, oui, je crois que je vois ce que c’est…

    Ca m’a malheureusement tout l’air d’un cas fort banal de possession par les forces du mal. Nous allons procéder à un DSH (désenvoûtement sous hypnose). Installez-vous confortablement dans votre siège et fixez attentivement cette image. Vos paupière sont lourdes, votre vue se trouble, vos muscles se relâchent (je veux dire : plus que d’habitude), votre bouche s’ouvre lentement et un peu de salive commence à gouter sur le clavier, vous êtes maintenant sous l’emprise du Maître du Jeu, VOUS ETES EN MON POUVOIR !

    Voici comment vous allez procéder et ce que vous devrez faire. Vous allez vous rendre dans une maison de la Presse bien achalandée, vous passerez sans vous arrêter devant le rayon désespérément vide des magazines de JdR en résistant à la terrible tentation d’y jeter un petit coup d’œil comme ça, au cas où, pour voir si Blackbox est arrivé, et vous allez chercher l’emplacement des revues culturelles, philosophiques politiques et littéraires. Vous ressentirez un léger malaise à l’idée de ce que vous êtes en train de faire mais vous ne vous arrêterez pas à ça et vous continuerez à chercher jusqu’à ce que vous mettiez la main sur le numéro 337 datée janvier 2008 de Futuribles, en vous disant que vous pourrez toujours demander discrètement un sac en plastique à la caisse, de façon à ne pas vous balader dans la rue avec une revue aussi compromettante bien en vue. Après un rapide coup d’œil à droite et à gauche, vous feuillèterez nerveusement ladite revue pour commencer à lire page 73 l’article consacré à un livre de Max Nordau paru en 1893 et intitulé La dégénérescence des sociétés :

    ( http://futuribles2.filnet.fr/Record.htm?idlist=1&record=19106721124919249039 ).

    Au fur et à mesure de l’avancée de votre lecture vos mains vont devenir moites et vous sentirez un filet de sueur froide dans votre dos, mais vous mettrez ça sur le compte de la clim’ ou de la grippe qui vous guette en cette saison. Totalement convaincu par ce que vous viendrez de lire vous reposerez bien sagement la revue à sa place afin d’économiser 13 euros qui vous seront utiles pour acquérir immédiatement la réédition (incomplète) de ce livre (éd. Max Millo, Paris, 2006) chez votre libraire un peu surpris.

    En vous plongeant dans ces pages indicibles (note pour plus tard : il faudra que je perde cette manie innommable de placer «indicible» un peu n’importe comment et à tout bout de champ moi. D’ici que ce soit un TOC**, y’aurait pas des kilomètres !), vous y découvrirez une diatribe contre le déclin de l’Occident, contre les intellectuels et les artistes d’alors, accusés de pervertir à la fois le bon goût et la morale, contre les nouvelles modes considérées comme le symptôme d’une pathologie psychosociale gravissime. Selon Nordau***, les tendances artistiques de son temps «sont des manifestations de maladies, la dégénérescence et l’hystérie», repérables grâce à des «stigmates intellectuels cliniquement observés». Vous commencerez alors à saisir ce que signifie «l’exploration des facettes les plus sombres de la Belle Epoque» en apprenant que ces maladies sont «les conséquences d’une usure organique exagérée, subie par les peuples à la suite de l’augmentation gigantesque du travail à fournir et du fort accroissement des grandes villes». Vous réaliserez pourquoi Crimes est un roman-jeu romantique et dépressif lorsque vous saurez que «la fatigue transforme les individus sains en hystériques» dans le cadre d’un univers décadent où «la vapeur et l’électricité ont mis sens dessus dessous les habitudes d’existence de chaque membre des peuples civilisés». Pour tout dire vous serez comme frappé de stupeur devant tant de perversion.

    Voilà qui devrait vous amener quelque peu d’inspiration et vous laisser penser qu’il est un travail encore plus démesuré que de nettoyer les Ecuries d’Augias : celui de nettoyer l’âme humaine.

    Vous revenez lentement à vous, vous reprenez le contrôle de vous-même. Je vais compter jusqu’à trois, et lorsque je dirai «trois», vous vous réveillerez.

    Mais avant de vous réveiller complètement vous pourrez aussi passer sur ce site fort intéressant : http://stalker.hautetfort.com/archive/2006/03/12/degenerescence-de-max-nordau.html, ah, et oui aussi au fait, pendant que j’y pense, nous révéler quel sera le prochain scénario publié pour Maléfices !

    Un, deux, …

    * : 1988, putain, 20 ans !

    ** : Trouble Obsessionnel Compulsif bien entendu. What else ?

    *** : qui n’était pas, rappelons-le, conseiller spécial de N. Sarkozy

    NDLR : Et on s’étonnera qu’avec des articles comme ça le Pape remette au goût du jour la pratique de l’exorcisme !

    « Dans le futur antérieur de Maléfices...Dindons & Dragons : la dégustation »

  • Commentaires

    1
    Arpagon
    Mercredi 17 Septembre 2014 à 11:14
    Et comme on est radin et qu'on aime lire sur un écran, on se précipite tel le Pavloviste moyen sur Gallica (http://gallica.bnf.fr/) et on fait une petite recherche avec "Nordau" dans le champ "Auteur"...

    Et de dépit, on écrit à Gallica pour réclamer le Tome 1 le plus vite possible...
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :